[PV Ellana Caldin] Liberté, Harmonie, Marchombre

Le jour touchait à sa fin lorsque Phalène décida enfin de s'arrêter pour la nuit. Il eut la grande joie de pouvoir faire un feu. Si si. Après la vague de chaleur qui aurait quasiment brûlé Narnia sans l'humidité constante, une nuit fraîche qui le faisait un peu frissonner était un véritable jour de fête. Pour la première fois de l'été, il dormirait près d'un feu, sans s'agiter à cause des frontières déchirées entre les mondes. Il profiterais de la brise fraîche et de la solitude pour voir jusqu'à quel point il pouvait s'ouvrir.
En effet, depuis peu, il avait compris comment sentir le monde, ne faire qu'un avec lui. Il avait toujours su le faire avec des forces comme le vent. Il suffisait de quelques respirations, les yeux fermés, pour laisser le vent parcourir son corps, pour imaginer que ce corps n'existait plus et que le vent passait là où se tenait son esprit. Il ressentait toujours une paix profonde et un sentiment de calme après s'être ainsi uni aux forces du monde. Peu de temps plus tôt, il avait su s'ouvrir à la nuit pour aller y chercher un calme et une douceur bienfaitrice.
Il profiterait donc de ce temps en tête à tête avec le monde pour essayer à nouveau, et comprendre de quoi il s’agissait vraiment. L'esprit magique de la Lande du Réverbère était parfaite pour cela.
Au coucher du soleil, il déposa enfin des affaires, profitant d'une minuscule clairière entre de magnifiques arbres pour se reposer. Pour former un tel clairière, il fallait qu'un arbre soit tombé, ouvrant une brèche de lumière dans la forêt. Le gros tronc, au milieu du trou de lumière, était un siège parfait. Il était aussi une bonne source de combustible. Faute d'avoir amener un hache, Phalène fit un feu de brindille et de branche qu'il pouvait brise à la force de ses bras, soit des branches d'un diamètre s'approchant plutôt de la petite bûche. Une fois le tas de branche installé, et une réserve de brindille plus loin, il envoya une simple étincelle de son han, et sa magie créa une flamme. Phalène s'assit sur le tronc de l'érable mort, face à son feu, entouré dans une cape noire.
Si, pour officialiser sa décision de reprendre son rôle de Sorcier de Guerre, Phalène avait reprit les habits officiels de ces Sorciers, soit des bottes noires, un pantalon noir, une chemise noire avec des runes brodées en fils d'or, un ceinture noir en cuir avec armes et bourses, des serres poignets de cuir noir très dur, gravés d'autres runes ainsi qu'un e cape de fil d'or, il était idiot de traîner un tel accoutrement en forêt. En fait, seule la cape était de trop. Parfaite pour impressionner, elle était handicapante pour la discrétion. Ses autres vêtements, noirs, se fondaient partout, et les fils d'or, quand on ne le détaillait pas, pouvait passer pour de discrète taches de lumières. Ses armes, par contre, brilleraient à la moindre étincelle de lumière. Il prit donc un cape noire, très discrète aussi et parfaite pour une température fraîche.
Phalène fouilla dans ses provisions et prit un pain et de la viande de cerf séchée. Tout sauf un repas de roi, mais qui avait son coté pittoresque et surtout, qui était facile à transporter en forêt.
Il termina son repas quand le Soleil finit sa progression dans le ciel. Il pouvait se permettre cette image, car Narnia était sur un monde plat et non rond, et le Soleil finissait vraiment sa progression quotidienne.
À moins qu'il y ait un autre monde en dessous?
La question fit sourire Phalène. Il irait voir ça un jour. Avec toutes les créatures vivant à Narnia, on pouvait s'attendre à tout pour ce qui pouvait vivre là-bas!
regardant le feu et son crépitement, Phalène décida de laisser aller son han. Son han, c'est à dire sa vie et sa source de magie, traversa entièrement son corps, se fondant dans chacune de ses cellules, en quantité plus que nécessaire pour sa survie. Seul un Sorcier ou une Magicienne connaissait le plaisir qu'on ressentait en envoyant plus de vie en soi, en rendant chacune de ses cellules plus vivantes qu'avant. Phalène en eut un frisson. Il n'avait pas pu laisser aller son han ainsi depuis des semaines. Le faire signifiait multiplier ses sens à l'infini.
En effet, un Sorcier possédait deux sens de plus que quiconque, grâce à son han. D’abord, il captait l'écho du Han des autres. Ensuite, il envoyait une partie de son han observer le monde et revenir ensuite. Ce qu'il ressentait avec ce sens était plus précis que la vue, le touché ou l'ouïe. Il ressentait les formes, les couleurs, l'aura, etc avec autant de précision que ses yeux. Peut-être même mieux. Seul les Piliers de la Création, insensibles à la magie, ne pouvait être "vus" de cette façon.

- Mais..

Phalène tut son exclamation, qui n'avait été qu'un murmure, en fait. Il avait sentit une présence, et son étonnement avait fait revenir son han en lui. C'était la première fois qu'il était aussi perturbé. Les magiciens étaient tous perturbés ainsi la première fois qu'ils croisaient un Piliers de la Création, car ils les voyaient avec leurs sens normaux, mais pas avec leur magie. Cette fois-ci, c'était le contraire. Phalène avait toujours été un forestier, et un excellent. Son don de Sorcier de Guerre avait augmenter plusieurs de ses capacités, dont ses sens normaux. Il entendait généralement les gens arriver de loin.
La personne en question était proche, et il ne la voyait pas, ne l'entendait pas, rien. Aussi discrète qu'un félin. Plus discrète qu'un félin, car un humain n'avait pas l'avantage d'avoir des coussinets et quatre pattes pour réduire le bruit.
Il n'aimait pas du tout cela. Si la personne surgissait, il aurait honte de ne pas l'avoir vu, et sinon, il haïssait se faire espionner.

- Bonjour!

Dit-il, en le regrettant tout de suite après. Il avait réussit à montrer qu'il avait repérer la personne en question, mais il se sentait hypocrite. Aussi énervant soit le fait de sentir quelqu'un qu'il n'arrivait pas à trouver, la personne en question méritait des félicitations pour ses capacités. Phalène l'avait repéré, mais en trichant un peu: Il voyait la vie des gens.
Il ne dit pourtant rien.