Une arrivée mouvementée - Libre

La nuit était calme et solitaire. La lune était pleine et un hibou chantait à travers les étoiles. Je revivais cette nuit où ma vie avait basculé. Je revoyais les sombres ruelles qui s’étalaient devant moi à perte de vue. Je revivais toute l’angoisse du moment ; ma peur ravageuse qui embrouillait mes sens. Puis, un choc. J’étais tombée par terre, ma tête se cognant contre le trottoir. Je me relevais avec peine, le crâne endolori. Étourdie, j’avais levé les yeux vers mon frère, j’avais vu mon père en train de le tuer. J’avais vu son corps se débattre … pour finalement lâcher prise et rendre son dernier souffle. Mes larmes coulaient sur son corps aussi blanc que la neige en hiver.
Je poussais un cri strident qui sembla se perdre en écho. Mon corps se releva telle une flèche, les yeux fermés. Mais je frémis d’horreur ; je m’attendais à sûrement me trouver sur du métal, sur une chaise de prison ou encore sur une table d’observation d’asile. Au lieu de ça, quelques choses de sec qui se défaisaient dans mes mains se trouvaient sous moi … et un vent glacial venait balayer ma chevelure. Enfin, mes paupières se soulevèrent. Il faisait un noir d’encre, c’était à peine si je réussissais à voir à deux mètres de moi ! Seule la lumière de la Lune m’éclairait.

Hébétée, je m’assis en boule, la tête entre les genoux. J’étais sûre que c’était ces services spéciaux qui m’avaient retrouvée et qui m’avait droguée. Tout ça n’était les effets des médicaments. J’étais persuadée que je me trouvais dans une grande boîte et qu’ils riaient de moi là-haut. Il me sembla même entendre leurs rires moqueurs résonner à travers les arbres … à moins que cela ne soit le rire de Dieu ?

« Ouais c’est ça ! Riez pendant que vous le pouvez encore ! »

Criai-je délibérément. Prise dans une grande fureur, je pris mon élan et envoyai promener une roche d’un coup de pied. Mais au lieu que le caillou bouge, je sentis les os de mon pied craquer et je me tordis de douleur. Je grognai, les yeux en feu.

« Saloperie ! »

Tapit dans l'ombre d'un grand chêne, une voix douce résonna.

« Vous savez que les arbres ne peuvent rire, non ...?»

Cette voix qui, bien qu'elle semblait jeune avait le ton d'une personne déterminé et insolente. La fille qui détenait cette voix au creux de sa gorge ne devait sans doute pas être de bonne compagnie. Du moins, à première vue ou dirais-je ...à première note !

Ses pas crépitèrent soudainement en direction de cette personne si criarde qu'elle croyait être. Doucement, comme pour faire face à un soudain danger.

Une silhouette se dessina enfin. De petite taille et vêtue d'un long manteau noir. Cheveux recouvert d'un gros capuchon, l'étrangère se pencha lentement sur cette personne gisant au sol et, d'un geste fluide laissa glissé son capuchon, faisant paraître un visage d'un blanc clair de lune aux grands yeux curieux mais inquiet et aux lèvres parfaitement rouge.

Ses yeux mystérieux scrutèrent alors le visage de cette jeune inconnu et descendirent vers ce pied blessé.

« ...Oh!» dit-elle en se redressant un peu mais toujours penché.

«Vous avez mal ...?»

Nerea était tapie derrière un haut buisson, tout près de là où se trouvait les deux jeunes filles. Son travail de mercenaire l'avait amené là, mais elle avait trop honte pour avouer qu'elle s'était perdue. Son employeur lui avait bien dit de rester discrète le plus longtemps possible et de se rapprocher un maximum de sa cible mais elle connaissait son métier, que diable! Elle n'en n'était pas à son premier assassinat.
Pourtant, elle s'était trompée. Cela arrivait rarement. Jamais en fait. C'est pourquoi elle avait un mauvais pressentiment.
Aucune des deux filles qui étaient là n'étaient sa cible mais elle se mit à réfléchir.

*si je les élimine, ça fera tâche au milieu de la forêt... et elles aussi ont l'air perdues... elles n'ont pas l'air de se connaître, ni d'être au courant pour la guerre...*

Elle décida de rester en observation encore un peu, mais les choses allaient trop lentement à son goût. Son boss ne lui avait pas donné de temps limite pour sa mission mais elle aimait que les choses se fassent vite. Et bien.
Elle remua son pouce et son majeur de la main droite l'un contre l'autre et une bourrasque de vent surgit de nulle part, faisant bouger toutes les branches d'arbre entourant les deux jeunes filles.

*hum... je sens que je vais bien m'amuser....*

[dsl ce n'est pas grand chose mais ce n'est que l'entrée en matière Wink

]

« Oui, beaucoup. »