Un autre monde, une autre vie.

• La fille semblait s'approcher, toutefois, Dédé ne voyait pas ses jambes bouger. C'était comme si elle se trouvait à l'intérieur d'un appareil photo qui effectuait un zoom. La fille était de dos. Dédé eut froid soudain. Autour d'elles, le brouillard était très épais. Etait-ce la nuit ? Déjà, Dédé ne savait plus. Mais de la fille émanait une étrange et chaude lumière. Puis, le vent fit bouger les cheveux blonds tirant sur le blanc de la fille, et elle commença à se retourner lentement.
  
  Dédé....
  
  La fille avait murmuré son nom doucement, et Dédé avait frissonné. C'était qui d'abord ?? A présent, elle s'était tout à fait retournée, et la regardait dans les yeux. Elle avait le visage pâle et des yeux clairs, très clairs. D'ici, Dédé ne saurait dire la couleur exacte : bleus ? verts ? gris ? Cela n'avait pas d'importance.
  
  Dédé... Je suis désolée... Il le fallait. Tu serais morte sinon Dédé...
  
  Sa voix n'était qu'un murmure et pourtant, ses paroles résonnèrent dans le brouillard. Dédé eut un pincement au coeur. De quoi parlait-elle ? elle serait morte ?? Mais pourquoi, comment ??
  
  Elle ne connaissait cette fille ni d'Eve ni d'Adam, mais elle se sentait cependant proche d'elle. Elle la regardait toujours étrangement dans les yeux, le visage grave. Elle était vêtue d'une robe étrange, une grande robe sombre, du type grande robe de la fin du XVIII° siècle. Puis, toujours aussi lentement, elle leva ses deux bras de manière parallèle, jusqu'à les tendre devant elle et faire un signe de la main, comme si elle voulait que Dédé la rejoigne.
  
  Dédé.... Dédé...
  

Dédé !! Dédé !!!

Dédé ouvrit les yeux. Elle se trouvait dans son lit, à l'orphelinat. A travers les vieux rideaux, elle vit la lumière du jour et comprit que le réveil n'avait pas sonné.

Meeeeeeeeerde.... jsuis en retard....

Elle avait la voix pâteuse de quelqu'un qui vient de se réveiller après une nuit de sommeil agitée.

ça oui !! t'es carrément en retard ! La mère Baudruche va encore bien t'engueuler !! répondit Lallie, sa camarade et pour ainsi dire, seule amie ici depuis quelques temps, et qui l'avait réveillée. Elle alla vers la fenêtre et releva le rideux, pour laisser entrer pleinement la lumière du jour.

Pouaaah, ça chlingue dans ta piaule !! Depuis quand tu n'as pas aérer ???

Lallie ouvrit la fenêtre pendant que Dédé se réfugiait sous sa couverture en grognant.

Je sais, je sais, reprit Lallie. Moi non plus j'aime pas le lundi, et pourtant il faut se lever !! Les deux prochaines heures de maths vont être.... génialissimes, tu vas voir !!

Elle arracha la couverture avec un grand sourire et força Dédé à se lever.

Bon, vu l'heure, t'auras pas le temps pour le ptit déj. Heureusement, je t'ai gardé... une pomme !! =D

Pour prouver ses dires, elle sortit de son sac en bandoulière une petite pomme rouge et la lui tendit. Dédé la regarda, encore à moitié endormie, et lui sourit.

Merci.

Elle ne savait pas pourquoi Lallie s'évertuait à être gentille avec elle, alors que tous les autres lui avaient soudainement tourné le dos. On ne peut pas dire qu'elle avait des amis, mais au moins, les gens la respectaient et la laissaient tranquille.
Mais un jour, tout avait changé. Elle s'était réveillée en pleine nuit et avait "pété un câble" réveillant tout le monde. On lui avait administré un calmant et elle n'avait aucun souvenir de cette nuit là, mais on l'avait beaucoup pointée du doigts le lendemain. Depuis, la directrice de l'orphelinat la faisait suivre par une psychiatre au moins une fois par semaine, pour cause de "folie soudaine, chez cette jeune d'ordinaire si calme et réservée..." Mais Dédé n'avait rien à raconter. Elle ne comprenaitit pas ce qui avait pu se passer, jurait de ne pas avoir consommé de substances illicites...

La psy en avait conclu que Dédé était déprimée. Pour tous les autres, elle était la folle de service. Mais pas pour Lallie. La jeune fille avait le même âge que Dédé et avait aterrie ici suite à la mort brutale de ses deux parents. N'ayant plus aucune famille, on l'avait placée dans cet orphelinat morbide. Elle ne connaissait personne mais, au lieu de se diriger vers les gens déjà en bande et qui semblaientt rire et s'amuser tous ensemble, elle s'était mise à côté de Dédé, seule et taciturne.
Au début, Dédé l'aurait bien envoyé balader, mais elle se rendit vite compte que Lallie ne se moquait pas d'elle, et elle trouva sa compagnie agréable. Et puis, on ne dit pas non à une nouvelle amitié. Ces choses là sont tellement rares de nos jours !

C'est ainsi que Lallie s'était convertie en très peu de temps en la personne en qui Dédé aavit le plus confiance. Le genre de personne qui peut te garder une pomme car elle sait que tu seras en retard un lundi matin.

Depuis l'arrivée de Lallie, Dédé parlait plus facilement à sa psy. Elle lui racontait beaucoup de détails de sa vie qui lui paraissaient insignifiants, mais dont elle ressentait le besoin de parler : un regard méprisant de la part d'un garçon, une bande de filles qui parlait maquillage et magazines people dans les toilettes, le fait qu'elle perdait constemment son deuxième chausson, les nouilles de la veille qui étaient brûlées... Mais il y a une chose dont Dédé ne parlait jamais, ni à sa psy, ni à Lallie. Jamais, O grand jamais il ne lui serait venu à l'esprit de parler de ses étranges rêves.

Ils avaient commencé quelques nuits à peine après la fameuse "nuit de folie", avant l'arrivée de Lallie. Ils étaient tous différents mais il y avait toujours ce brouillard, cet effet de résonance de chaque bruit... parfois, elle entrevoyait des personnes : visages flous qui la fuyaient du regard. Parfois encore, elle croyait entendre le bruit sourd d'une bataille à l'épée, ou des sabots au galop ou encore des bruissements d'ailes étranges. Et puis, le plus souvent, c'était cette mystérieuse blonde à la longue robe noire. Parfois, elle voyait une larme perler sur son visage fin et pâle, mais elle ne lui avait jamais parlé, sauf cette nuit là. Et elle se rendit compte qu'elle aurait préféré ne rien entendre.

Souvent, elle se disait que les autres avaient raison : elle n'était pas seulement déprimée, elle était carrément folle. Faire ce genre de rêves -toujours les mêmes!- n'était pas normal. Mais elle avait peur de perdre le peu qu'elle avait en avouant son secret. Alors tant pis, elle se taisait. C'était l'une des choses qu'elle parvenait le mieux à faire : au moins, son duo avec Lallie était ainsi équilibré, elle qui était une vraie piplette.

Alors qu'elle venait tout juste de finir de s'habiller, la cloche annonçant le début des cours retentit. Elle soupira et prit son sac de cours.

*Et voilà, encore une semaine de banalités et d'ennui qui commence...*

Quelque chose lui manquait. Elle ne savait pas quoi exactement, mais elle se sentait vide à l'intérieur. Et cela, une pomme n'y changerait rien.

[HJ : je ne sais pas encore si Dédé reviendra à Narnia. Mais au cas où, je voulais que vous sachiez à quoi ressemble sa nouvelle vie dans "le monde réel" ]

Edmund avait dû quitter Narnia depuis peu, suivant son frère et ses soeurs dans le «monde réel» à son plus grand regret. Seulement, au contraire de sa soeur ainée, le souvenir de ces aventures dans ce monde dès plus fantastique était resté gravé dans sa mémoire. Là-bas il était roi! Ici ...Il n'était qu'un garçon parmi tant d'autres et cela lui déplaisant grandement.

La vie dans ce monde lui semblait si lourde et déplaisante. Comme un dessert sans sucre ...Cette vie n'avait aucun goût contrairement à celle qu'il avait à Narnia. Il y retournerait certainement un jour avec Lucy,Susan et Peter, et peut-être même qu'il y finira ses jours ...mais pas aujourd'hui.Ni demain ...Ni après-demain ...Ni après-après ...

Son cadran sonna et il l'éteignit en donnant un coup dessus assez fort pour le faire tomber de sa commode. Il était éveillé depuis un long moment déjà mais avait décidé de rester à contempler son plafond, dans la platitude absolu de sa grande chambre chez son oncle.

Soupirant, il se glissa hors du lit en enfilant pantalon et chemise blanche. Y mit une cravate qu'il ne prit même pas la peine de noué jusqu'au bout, lui donnant un look assez négligé ...Surtout que ses vêtements avaient passé la nuit en boule sur sa chaise antique aux coussins de velours vert de gris. Il n'avait pas prit la peine de les mettre sur un cintre et de les placer dans sa grande armoire. Trouvant son lit beaucoup plus satisfaisant à ce moment précis, il s'y blottit pour y lire un livre qui s'endormit dessus.

Il descendit les escaliers, l'air maussade, ne prenant même pas la peine de répondre au «bon matin, Ed!» de Lucy qui le regarda passé en roulant des yeux, prit un beigne et un muffin pour la route et sorti de la maison, direction l'école.

Il ne se sentait pas l'âme à parler ce matin. Sachant très bien que si il devait faire le trajet avec son frère et ses soeurs, et qu'il ne parlerait pas, son frère lui dirait à quel point il n'est pas sociable etc et Susan agirait comme sa mère ...Non. Il ne voulait pas. Il préférait cent fois mieux être seul à ce moment là que de subir ça. De plus, le sujet «Narnia» était devenu limite tabou parmi eux. Chaque fois qu'il prononçait ce nom, Susan soupirait en roulant des yeux et en glissant sa main dans sa longue crinière impeccable, Peter dirait «Oh, pas encore? Tu n'aurais pas d'autre sujet par hasard? Comment vont tes notes à l'école?» sur ce il répondrait quelque chose comme «Mes notes ne te regardent pas!» et s'en suivrait une longue querelle qui rendrait Lucy mal à l'aise car oui ...elle était la seule avec qui je pouvais décemment parler de cet endroit sans me faire sentir comme un sombre idiot qui s'invente encore des mondes à son âge.

Arrivé à l'école, des gens discutaient entre eux à propos d'une personne. Cette fille ...La «folle», comme les gens avaient commencé à l'appeler après cet évènement qui la rendit si célèbre au sein de cet établissement. Il savait qui elle était. Tout le monde le savaient ...mais il ne lui avait jamais parlé. Tout ce qu'il connaissait d'elle était qu'elle venait d'un orphelinat et qu'elle était dans la même classe de science que lui ...ET ...qu'elle était supposément dingue.

La cloche retentit dans les hauts parleurs. Il prit son sac d'école en le jetant sur son dos mais sans le voir, heurta la fille avec son sac.

-Oh, oh! Pardon! Je ne t'avais pas vue! ...ça va?

Dédé et Lallie étaient arrivées in-extremis. Un peu plus et les portes du grand bâtiment se seraient renfermées, ce qui aurait signifié qu'elles auraient dû faire demi-tour et expliquer à la vieille mère Baudruche (patronne en chef de l'orphelinat), - qui aurait déjà été avertie de leur absence par un bref appel téléphonique du CPE- la raison de leur retard.
Elles suivaient exactement les mêmes cours, encore quelque chose qui les avaient rapprochées. Et heureusement pour Dédé puisqu'ainsi elle ne se retrouvait jamais seule face à tous leurs camarades aux visages hostiles.

Lallie entra dans la salle de cours et Dédé allait la suivre immédiatement quand "PLOCK" ! Elle reçut un coup de sac sur l'épaule. Elle étouffa un petit cri de douleur (non pas que le coup lui fit grand mal, mais elle avait été surprise) en se retournant pour voir qui était son assaillant. Elle reconnu immédiatement Edmund Quelquechose, le frère d'un garçon assez populaire du nom de Peter. Dédé savait aussi qu'il avait deux soeurs, mais elle ne se rappela par leurs noms. Il s'excusa et eu l'air sincère.

*Tiens, il n'a pas l'air de me prendre pour une folle... quoique, il me regarde un peu comme s'il avait peur que je sorte une kalachnikov de sous mon manteau.......*

Elle esquissa un petit sourire qu'elle essaya de faire rassurant et amical.

Oui, oui ça va, ne t'inquiète pas, c'est ma faute je....

Elle ne savait pas quoi dire de plus. C'était la plus longue conversation qu'elle avait eu avec un garçon depuis des lustres et en plus, ce n'était pas sa faute, à ELLE si le sac l'avait touchée. Elle regarda Edmund et se remit à sourire, ce petit sourire en coin timide qui signifie qu'on ne sait plus quoi dire.

Mais déjà, un bouchon s'était formé autour d'eux et les gens râlaient pour pouvoir entrer. Dédé entra dans la salle de classe et rejoignit Lallie sur leur rangée de table qu'elles étaient d'ordinaire les seules à utiliser, au fond côté fenêtre et près du radiateur.

Elle esquissa un petit sourire qu'elle essaya de faire rassurant et amical.

Oui, oui ça va, ne t'inquiète pas, c'est ma faute je....

Edmund sourit à cette réplique et étouffa un léger rire. Qui prendrait le blâme sur lui même quand ce n'est en aucun cas sa faute? Oui ...elle devait être dingue ...N'empêche, elle semblait très timide aussi.

Il entra dans la classe, poussé par les autres, la regarda en passant, léger sourire au coin des lèves voulant dire «T'es bizarre ...» et s'assit à sa place habituelle. Soit, en diagonale de Dédé.

Le cours commença et le temps défilait lentement. Trop lentement. Les aiguilles de l'horloge semblaient prendre une pause à chaque fois qu'Edmund relevait ses yeux pour y voir l'heure. Emmerdé, il perdit enfin le fil du temps et posa son regard sur cette fille.

et le temps passa ...et défila ...et se perdit ...et ...

Les pieds dans le sable, il ouvrit les yeux. La mer devant lui caressait les rochers et l'air salin fit battre ses vêtements au vent.

Narn ...

Il était si heureux à ce moment. Heureux de sentir à nouveau cette air, de voir ce paysage!

Narn ...

Il fronça soudainement les sourcils. Portant sa main à sa bouche il tenta de dire autre chose mais sans succès. Comme si un sort lui avait été jeté. Il entendit des pas derrière lui ...

Edmund ...? ...Edmund? ...Pevensie!? ...

Un bruit sourd le fit sursauté. Il ouvrit les yeux rapidement et vit le professeur se tenant devant lui, l'air insulté et le visage violacé par la colère.

Monsieur Pevensie, je ne sais pas à quoi vous rêviez en prononçant des «Narn» ...mais Que je ne vous reprenne pas à dormir dans un de mes cours, Pevensie, sinon ce sera une retenue assuré!

-Oui ...oui oui,biensur ...pardonnez-moi. dit-il, encore tout ébranlé et déçu que ce rêve ne fut pas la réalité. Il avait donc parlé dans son sommeil ...Mince, quelle honte!

Il rougit en voyant certains élèves le regarder avec étonnement et d'autres avec dégoût. S'endormir durant un cour était un art inacceptable pour certains.

Il se remit semi droit sur sa chaise, prit un crayon pour faire bonne figure et dirigea son regard vers Dédé. Il ne savait pas pourquoi, mais son opinion de lui comptait beaucoup venant d'elle ...

Le cours aurait ou être passionnant. Dédé aimait beaucoup les maths. Elle aimait résoudre un problème, une équation, créer des liens logiques pour qu'enfin, tout soit clair. Mais ce professeur avait un don pour rendre sa manière ennuyeuse. Il allait trop vite, n'expliquait rien et semblait croire que tous ses élèves étaient des génies. Dommage.
Mais soudain, un évènement vint perturber la monotonie de la salle de classe : plusieurs élèves avaient les yeux rivés sur Edmund, qui murmurait des paroles inaudibles de là où se trouvait Dédé. Remarquant que l'attention de la classe s'était dissipée, le professeur se planta devant le jeune endormi et le sermonna :

Monsieur Pevensie, je ne sais pas à quoi vous rêviez en prononçant des «Narn» ...mais Que je ne vous reprenne pas à dormir dans un de mes cours, Pevensie, sinon ce sera une retenue assuré!

Soudain, quelque chose se brisa en Dédé : "Narn" ?? Cela ne voulait rien dire et pourtant, elle sentit son coeur se soulever et se mettre à battre frénétiquement. Cela devrait lui évoquer quelque chose... mais quoi ?? Elle ferma les yeux en pensant "Narn" et la première image qui lui vint à l'esprit fût celle de la fille blonde, celle de son rêve. Que cela pouvait-il bien signifier ?? En quoi ses rêves de grande folle avaient-ils un rapport avec Edmund ?? Elle rouvrit les yeux et croisa son regard. Il la regardait avec beaucoup d'attentions, elle eut l'air étonnée et ouvrit les yeux ronds.
Elle aurait voulu pouvoir avoir une conversation télépathique avec lui. Quelque chose du genre : "Toi et moi, il faut qu'on parle. Pourquoi tu me regarde, moi ? pourquoi Narn ? Pourquoi, pourquoi....." Mais elle savait bien sûr que c'était impossible. Elle se contenta de baisser brusquement la tête après quelques secondes.

A ses côtés, Lallie, comme tout le reste de la classe, avait un large sourire aux lèvres. Elle se tourna vers son amie et vit que Dédé était toute pâle.

Bah alors! t'en fais une tête ! ya quelque chose qui va pas ?

Dédé n'eut pas le temps de répondre ("mais non, ça va, rien de grave, j'ai juste un peu faim...") : la cloche annonçant la fin du cours retentit dans le couloir et tout le monde commença à ranger ses affaires et à se lever.

Edmund se leva au son de la cloche, encore désappointé de n'avoir que rêver à Narnia.

-Eh,mec ...Narn ...? Tu rêvais pas d'Eva Narnt par hasard, uh? ...Uh? dit un de ses amis à coté de lui.

Edmund soupira, ne prit même pas le temps de mettre ses livres dans son sac qu'il quitta la classe les bras chargés en passant rapidement à coté de Dédé.

Plus tard, à la cafétéria, Edmund attendait à la file sa décharge de nourriture infecte dans son assiette quand il entendit quelques personnes autour de lui parler de sa petite mésaventure du matin.

-Eh merde ...

Soupirant, il baissa la tête en fermant ses yeux et une main vint se déposer sur son épaule. Il releva sa tête en regardant la main et comprit que c'était Peter alors il donna un léger coup d'épaule, signifiant qu'il ne voulait pas se faire toucher, quand Peter lui dit qu'il devrait rentrer chez eux avant de faire une deuxième fois un fou de toi en public.

Edmund le prit très mal et, laissant le cabaret sur le comptoir, parti en furie mais cette fois, croisa Dédé et s'arrêta un instant en la regardant (ne voulait pas une deuxième fois aussi la heurter non plus ...) puis continua son chemin un peu plus lentement.

Son coeur battait la chamade. Il comprenait mieux comment Lucy avait pu se sentir, la première fois qu'il était entré dans l'armoire et s'était retrouvé par inadvertance, les pieds dans la neige dans ce monde qui depuis, hante ses pensées jours et nuits. Comment il avait nié le fait d'y être allé avec elle ...Comment Lucy l'avait regardé, anéanti et perdu ...

Si il pouvait au moins en parler à quelqu'un...autre que ses soeurs et son frère ...Quelqu'un qui s'en souvienne autant que lui, même si parfois ses souvenirs deviennent vague et ne semblent plu qu'une belle histoire de cape et d'épées inventé par l'imagination débordante de quatre enfants ...

Il en avait marre de se sentir aussi seule, malgré son cercle d'amis assez large.

et cette fille ...Pourquoi ne quittait-elle pas ses pensées? Qu'avait-elle de si spécial?

Entendant des rires jaillir soudainement de la cafétéria, Edmund se retourna et vit Dédé au milieu, quelques larmes coulant sur ses joues, l'air complètement intimidé par les gens la pointant du doigts et riant d'elle comme si elle n'était qu'une vulgaire bête de foire.

Offusqué par cette scène, il retroussa ses manches, sachant très bien par qui cette raillerie avait commencé et avança d'un pas rapide vers Goerge qui, tout à coup, eu l'air assez inquiet de son sort.

Edmund Pevensie avait fait sa réputation à l'école. Il était bagarreur et ne s'en cachait pas. Donc, George, quelque fut son excuse cette fois, ne fit pas surpris par le coup de poing fulgurant que lui donna Edmund sur le nez, sans même lui avoir demander le pourquoi du comment.

Le silence s'établit aussi rapidement que le pauvre corps de George heurta le sol, le laissant comme une larve se recroqueviller sur lui-même, le nez en sang et les yeux pleins d'eau.

La main endolori mais trop orgueilleux pour le laisser paraître, Edmund se pencha sur George, empoignant son collet par une main et lui dit d'une voix agressive mais clair et précise «Si tu recommences ...une seule fois ...Je ne te manquerai pas!» et le relâcha en le laissant s'étaler une deuxième fois sur le sol, tel un bout de pain mouillé.

Il se releva, regarda les gens autour de lui et, voyant le regard de Peter le fusiller, tourna les talons en se dirigeant vers Dédé.

Tu viens?

Puis il continua son chemin et sorti de la cafétéria.

Les voix commencèrent à se refaire entendre peu à peu. Quelques notes d'admiration, d'autre un peu plus neutre se mêlèrent aux sons des fourchettes et des couteaux sur les plats ...

Dédé renifla, le regard posé sur George. Quelques uns de ses amis l'aidaient à se relever, en essayant d'éviter les tâches de sang sur leur vêtements. Du coin de l'oeil, Dédé vit aussi Lallie, qui s'était subitement levée pendant l'attaque d'Edmund. Comme beaucoup d'autres, elle avait l'air surprise et choquée. Surprise par la réaction d'Edmund qui d'ordinaire ne se mêlait pas aux affaires de Dédé, et choquée par la violence de son geste, malgré sa réputation de bagarreur.
Dédé ne mit pas longtemps à se décider. Elle tourna vivement les talons et courut derrière Edmund, qui s'éloignait à pas vifs.

Hé ! Edmund... attends...

Elle l'arrêta et se planta devant lui. Elle le regarda et se sentit soudain très bête. Elle lui adressait la parole deux fois dans la même journée, chose rarissime voire tout à fait exceptionnelle. Et les deux fois, elle ne savait pas quoi dire.

Je... Merci. T'étais vraiment pas obligé, après tout, George est un abruti et....

Elle voulut lui toucher le bras, pour lui montrer sa reconnaissance, mais au moment où elle allait achever son geste, elle eut un frisson et une vision s'empara d'elle : la fille du rêve. Cette mystérieuse blonde d'une autre époque qui semblait l'appeler... Dédé ferma les yeux et laissa retomber mollement son propre bras le long de son corps.
Pourquoi cette image s'était-elle emparée de son esprit MAINTENANT ?? et pourquoi cela lui faisait-il le même effet que quand Edmund avait prononcé "narn" ??
Elle rouvrit les yeux subitement, de peur qu'Edmund la prenne pour une folle furieuse et qu'il regrette son geste pour la "sauver" de George.

Edmund s'arrêta net quand il vit dédé se planter devant lui. Il l'écouta sans parler jusqu'à ce qu'elle ferme les yeux, soudainement prise par il ne savait quoi. Il s'en inquiéta donc posa sa main sur l'épaule de Dédé en demandant Est-ce que ça va? puis elle rouvrit les yeux rapidement.

Son air inquiet devait sans doute parler pour lui. Il avait toujours été assez expressif de nature.

Edmund ne ressentait pas autant cette impression étrange que dédé ressenti, seulement, il avait l'impression qu'en sa présence, quelque chose de différent se passait. Comme si ils devaient partager un point commun ...mais lequel ?

Il cligna des yeux d'incompréhension en regardant Dédé, mais ne su que dire de plus. Elle semblait si troublé ...Pourtant il n'avait pas fait tomber la pluie, il avait juste donné un coup de poing au visage à son assaillant. C'était banal pour lui. Rien de bien surprenant ou héroïque.

Cependant, quelque chose en lui le poussait secrètement à prendre soin de Dédé. Pourquoi? il ne savait pas ...Seulement, son geste n'était pas aussi spontané qu'il devait le croire en ce moment. C'était calculé, inné chez lui. Quoiqu'il se passe, il surveillera toujours ses arrières, discrètement sans vraiment savoir pourquoi, jusqu'au jour où tout deviendra clair.

Malheureusement, plus le temps passait, plus les souvenirs de Narnia devenaient embrouillés mais il continuait d'y croire. Il devait y croire. Continuer d'en rêver ...«d'en rêver?» se dit-il .

«Oh,non! Elle doit me prendre pour un fou ...j'ai parlé en dormant! Merde! Avec tout ça, j'ai dû oublié!»

Euh ...dit il,en riant légèrement. Tu dois me prendre pour un fou ...Parler dans mes rêves et ensuite donner un coup au visage de Georges ...

Il se gratta la nuque, l'air embarrassé en regardant Dédé.

S'étant remise de ses émotions, Dédé écouta Edmund. Puis elle sourit, et se mit à rire. ELLe, le prendre, LUI pour un fou ?? Edmund Pevensie, beau gosse de la classe, rebelle reconnu et relativement bien doué en classe, plus fou que Dédé Sperate, la petite orpheline du fond qui se réveille en pleine nuit prise d'une crise de folie ??? Cela était risible.

Toi, un fou ? haha, non je ne crois pas... tu sais la folle ici, c'est moi...

Elle prit un air détaché en disant cela, comme si cette situation ne la touchait pas plus que ça. Mais le souvenir du plat de nouilles sur son visage (et DANS SES CHEVEUX !!!) refit surface. Elle sourit de nouveau timidement et ne sut plus que dire.
Elle avait compris qu'il serait inutile de remercier encore Edmund : ce n'était qu'une baston de plus pour lui. Mais quand même... Elle sentait qu'il y avait quelque chose qui... qui semblait les unir. Comme s'ils partageaient un lourd secret commun.

*En plus, c'est vrai qu'il est adorable quand il se gratte la nuque comme ça avec ce regard perdu... Dommage qu'il n'ait pas d'ailes....*

Attendez ! Des ailes ????? Dédé fut la première surprise à avoir émis cette idée saugrenue. Pourquoi (et comment??) aurait-il eu des ailes ?? Ce n'est pas comme si elle avait déjà rencontré des jeunes hommes avec des ailes... ou bien... Si ! mais si ! dans ses rêves étranges, elle voyait parfois des silhouettes floues... et l'une d'aile était un jeune homme avec des ailes !! Un ange... ou un démon ? Elle ne savait pas mais elle trouva très étrange d'avoir associé Edmund à ce mystérieux personnage.
Du coup, cela lui fit penser de nouveau au cours de ce matin, lorsqu'Edmund s'était endormi, et à sa dernière remarque "Parler dans mes rêves ".... Oui, le fameux "narn"....

Au fait, je me demandais... Narn, c'est pour quoi ?

Elle ne savait pas si cela avait une signification particulière pour lui, mais elle devait savoir. Elle sentait que c'était lié avec ses rêves, mais elle ne comprenait pas comment. Et elle devait comprendre.

Edmund recula d'un pas à cette question. Évidemment, il n'aurait jamais cru à ce moment que Dédé ait pu connaître la référence que Narn devait évoquer.

C'est ...tout simplement un monde ...un monde inventé par des enfants.

et il sourit quelque peu car il n'avait pas dit «c'était » mais bien «c'est» ...

...des enfants qui ont grandit trop vite. Tout est plus agréable là-bas, à Narnia ...Du moins, dans les histoires!

Il rit légèrement et haussa les épaules en regardant Dédé. Elle semblait si naïve ...À ce moment, Edmund s'imagina qu'est-ce qu'elle aurait pu être à Narnia. Une guerrière? Um ...elle semblait bien frêle pour en être une ...mais était-ce simplement son coté protecteur qui faisait surface? Lucy aussi semblait frêle au début ...mais elle su apprendre à se battre et invoqué quelque peu la peur à ses adversaires ! Alors elle aurait pu ...

Il laissa paraître un léger sourire en coin à cette idée folle d'une Dédé en habit de Viking et, en se grattant l'épaule, lui demanda Pourquoi ça t'intéresse autant?

Narn... NarnIA... A l'instant où elle entendit ce mot, le coeur de Dédé se remit à bondir dans sa poitrine.

*un monde inventé... *

Pourquoi je demandais ça ? Oh et bien...

Dédé se sentit rougir.

Je ne sais pas, ce nom me disait quelque chose... J'imagine que je suis restée une grande enfant moi aussi... avec beaucoup d'imagination...

Elle regarda Edmund, qui semblait plutôt mal à l'aise à se gratter l'épaule ou le cou, et lui sourit.

Tu veux t’asseoir quelque part? On aurait l'air moins cruches que debout dans le couloir...

Elle l’entraîna vers un petit banc et s'y assit. Elle ne savait pas ce qui la poussait à agir ainsi, comme si elle connaissait Edmund depuis toujours, comme s'ils étaient... amis ?
Elle repensa à ses rêves. Se pouvait-il que... Non, impossible : ses rêves ne pouvaient pas avoir de lien avec ce monde imaginaire. Et pourtant... Elle se rappela que, parfois, il lui semblait entendre dans ses rêves comme des sortes de... combats à l'épée, ou de grosse bataille.

Je dois t'avouer que cela m'intrigue... parle-moi un peu de ce monde... Y-a-t-il... de la magie ? Est-ce que les gens se battent à l'épée contre.. Je ne sais pas, des méchantes sorcières ?

Puis Dédé se rendit compte que ses paroles pouvaient être mal interprétées.

*Mince... j'espère qu'il ne va pas croire que je me paye sa tête....*

Elle se mordit anxieusement l'intérieur ds joues en attendant la réponse de son camarade.

Il s'assit à ses cotés et, comme il croyait être le seul avec son frère et ses soeurs à connaître l'existence de Narnia, il décida d'y aller dans l'élaboration et de répondre sans gène à ses questions.

Contre des méchantes sorcières!? Évidemment ...Une en particulier. Redoutable, mais que nous ...

Quand même ...il ne devait pas en dire trop ...Donc il se rattrapa ;

...nous dans l'histoire, avons finalement vaincu à l'aide du peuple! Les gens se battent à l'épée, montent des chevaux décorés et vont célébrer à Cair Paravel ...Il y a toutes les créatures imaginables ...Celles des autres contes de fées! Les souris et les animaux parlent et il y a ce cher Faune ...et sans oublier le roi Aslan. Roi de Narnia, le bien sans contester ! Il m'a ...

il se racla la gorge ...

Dans l'histoire ,sauvé la vie en quelque sorte.

Il sourit un peu en regardant au sol.

Les humains peuvent être si bête parfois ...

Il releva ses yeux vers toi, toujours son petit sourire au coin des lèvres.

J'ai appris beaucoup grâce à cette histoire. Narnia m'a permis de devenir une meilleure personne ...je crois! et ...j'aimerais bien y retourner un jour ...

Il se rendit compte de ses propos et rectifia immédiatement avec un dans mon enfance ...Je veux dire ...tu sais? Les enfants et leurs mondes imaginaire ...Ppfff ...

il roula les yeux et rigola nerveusement. Ok, c'était pas la meilleure feinte du monde ...en fait, ça devait sonner plutôt débile aux oreilles de Dédé.

«Pourquoi dois-je toujours trop parler!? Merde ...»

Il jeta un coup d'oeil vers Dédé, voir comment elle avait réagit ...mais cela lui avait fait du bien de pouvoir en parler avec quelqu'un de l'extérieur et ...quoiqu'il en soit, il ne regrettait pas ses paroles. C'était dit, enfin.

Pendant qu'elle écoutait Edmund, Dédé se mit à sourire. C'était étrange, la façon dont il parlait de Narnia. Il était tellement passionné. On aurait dit un enfant qui raconte avec les yeux qui pétillent ce qu'il a reçu à Noël... Elle trouvait cela adorable.

C'est endroit à l'air merveilleux... C'est vrai, qui n'a jamais rêvé de pouvoir.. juste s'éclipser, partir d'ici où tout le monde le prend pour un fou, s'échapper de son orphelinat lugubre et...

*wups, je m'égare là....*

Enfin je veux dire... c'est le monde imaginaire qui serait parfait pour moi.

Elle soupira.

Oui, si seulement je pouvais aller à Narnia...

Soudain, elle eut d'autres flashs d'images, comme des souvenirs très très lointains : deux jeunes filles avec elle, l'une brune, l'autre blonde. Deux jeunes hommes aussi, dont l'un portait une très jolie rose. Et puis... Etait-ce un cheval ? ou un aigle ? il y avait beaucoup de monde qui se battait, des loups, un.. DRAGON ?? et garçon, qui avait l'air très jeune... et encore cet ange mystérieux, qu'elle avait déjà aperçu dans ses rêves.. et puis, une jeune fille aussi, qui ressemblait vaguement à... Lucy Pevensie ?? la soeur d'Edmund ??
Dédé ne comprenait plus rien. Ces images étaient apparues très vites dans son esprit et elle n'avait pas eu le temps de toutes s'en rappeler, ni de mettre un nom sur les visages inconnus. Mais cela l'avait toute retourné, et elle espérait qu'Edmund ne s'en était pas aperçu.
Elle cligna deux fois de l'oeil et essaya de reprendre le fil de la conversation :

Ah oui, Aslan, le lion...

Elle ne savait pas pourquoi elle avait sortit cela comme ça. Edmund n'avait pas précisé quel genre de créture était Aslan, et pourtant, le lien s'était immédiatement fait dans son esprit.

Edmund ouvrit de grand yeux à ces derniers mots «Aslan le lion» ...

Comment tu ...?

Pendant quelques secondes, il ne fit que regarder Dédé droit dans les yeux.

Comment tu as su que ...C'était un Lion? J'en ai rien dis pourtant!

et là ...tout s'enclencha dans sa tête. Cette idée d'elle en guerrière ...le fait qu'il ait autant envie de croiser son regard ou de lui parler ...Ils avaient un lien commun et ce lien était bel et bien Narnia! Maintenant il en était certain!

Tu as connu Narnia aussi !

Il ne fut pas choqué, mais excité par cette nouvelle. Son coeur s'emplit de bonheur à l'idée qu'une autre personne puisse partager le même passé fantastique que lui et ses pairs.

Que faisais-tu là-bas? Il me semblait aussi que j'avais dû te croiser! Surement lors d'une guerre ...

Il sourit largement.

Raconte moi!Tes souvenirs doivent être flous maintenant ...mais il y en a bien quelques uns qui doivent resurgir de temps en temps à ton esprit! Allez, raconte!

Il était tout excité. Il ne croyait pas que Dédé lui ferait la même chose que Peter et Susan, c'est à dire le faire passé pour fou. Dédé ne devait pas être comme ça selon lui ...Elle avait dit «le lion!» c'était une évidence qu'elle y avait déjà été et qu'elle s'en rappelait au moins un peu!

La soudaine excitation D'Edmund fit peur à Dédé. Non, elle ne connaissait pas, elle... elle ne savait pas trop.

Non, non, je... Je suis désolée. On a dû mal se comprendre. C'est la première fois que j'entends parler de Narnia et... pour le lion, je ne sais pas, c'est un hasard, la.. la façon dont tu l'as dit, oui, voilà c'est ça, ça m'a ait penser à un lion... c'est fou, non ?

Sa voix commença à trembler. Bizarrement, nier le fait qu'elle avait été à Narnia lui faisait du mal.

*Et si tout était vrai ? Et si tous ces gens... venaient de là-bas.... mais comment ?? COMMENT ?*

Edmund... Tu l'as dit toi-même... c'est un monde imaginaire... n'est-ce pas ?

Elle-même n'était même plus convaincue par ce qu'elle disait. Elle lu la déception dans les yeux du jeune homme.

Encore une fois, je suis désolée...

Elle se leva précipitamment. Elle se sentait terriblement mal. D'abord à cause de cette sensation étrange qu'elle avait connu Narnia, et aussi parce qu'elle croyait avoir trouvé en Edmund un ami, un allier, un confident. Mais que leur conversation venait de couper court à leur conversation. Pendant un instant, elle eut même le sentiment que, celui qui s'était bien payé la tête de l'autre, c'était lui. Il devait vraiment la prendre pour une folle. Un de plus...
C'est alors qu'elle eut comme une illumination : Jadis. Elle ne savait pas pourquoi, ni comment elle le savait, mais elle en était sûre (au moins à 95,43% environ), c'était le nom de la sorcière qu'Edmund disait avoir vaincu.
Cette révélation la terrifia. Cela ne pouvait décidément pas être coïncidence. Pas avec l'histoire du lion en plus. Soudain, elle fût prête à croire n'importe quoi. Des mondes imaginaires qui existaient réellement, des méchantes sorcières, des dragons et des gens bizarres avec des ailes. Mais cela ne calma pas la panique qui avait germé en elle, à cause de ce que toute cette révélation impliquait. Elle se retourna vers Edmund et murmura, le regard affolé :

Jadis... C'était elle, n'est-ce pas ?

C'est alors que la cloche annonçant la reprise des cours retentit dans le couloir.

Faisant fit de la cloche, Edmund se leva à son tour précipitamment, l'air soudainement énervé et stressé.


Jadis! dit-il d'un ton qui ne se voulait pas aussi fort et prompt. Ses yeux changèrent et devinrent sombre, comme si ce nom lui faisait revivre une partie de sa vie dès plus cruelles. Oui, Jadis fut la sorcière que j'ai vaincu ...

Il s'avança alors plus près de Dédé, d'une distance qui, pour certains, pourrait être inconfortable, et dit sur le même ton Comment serait-ce possible que Narnia soit un monde imaginaire si toi et moi en connaissons l'existance!?!

Il regardait maintenant Dédé droit dans les yeux, comme si il voulait scruter ses pensées à ce moment exact. Il était prit d'un sentiment de peur et d'incertitude. Après tout, combien d'enfants avaient pu connaître ce monde, ors les Pevensie ? Combien? et par quel moyens? Avaient-ils tous une mission ou un statu quelconque dans Narnia qui, grâce à son titre de Roi, aurait pu les avoir rencontré sans s'en apercevoir vraiment?

Soudain, il plissa les yeux, et, prit de curiosité, demanda Qui es-tu? et biensur, cette question n'était pas destiné au présent mais bien à celle qu'elle était à Narnia, si elle en fit partie d'une quelconque manière.Car nous n'arrêtons pas d'être qui nous sommes hors de notre patrie. Nous ne faisons que changer quelque peu pour plaire aux tendances sociales de l'endroit où nous allons ...

En voyant le regard insécure que Dédé afficha, il se recula lentement et baissa la tête.

Pardonnes-moi si je me suis emporté ...

Dédé était affolée. La révélation qu'un monde étrange existant parallèlement au sien était déjà assez perturbant. Mais comprendre, en plus, qu'elle était déjà sensée connaître ce monde alors qu'elle n'en n'avait aucun souvenir (sinon des bribes de rêves flous), alors là c'était... flippant. Carrément flippant. Et puis, la réaction d'Edmund n'arrangeait pas son angoisse. Au contraire, elle était concentrée pour ne pas se mettre à trembler, ou pleurer. Ou partir en courant et en criant en agitant les bras comme une folle.

*folle... alors là je touche le fond....*

Avec la sonnerie, des élèves avaient commencés à sortir de la cafétéria et à envahir le couloir. Il y eut du bruit. Dédé ne répondit pas tout de suite à Edmund. Ils se tenaient immobiles, l'un en face de l'autre, les yeux dans les yeux. Certaines personnes qui désiraient passer étaient obligés de les bousculer, ou de passer entre eux, mais pour Dédé cela n'avait aucune importance. Plus rien n'importait, à part Edmund et Narnia. Narnia. Narnia. Narnia... Elle répétait ce mot dans sa tête, essayant d'y voir plus clair, attendant une illumination subite. Mais rien. Le noir complet.
Du coin de l'oeil, Dédé crut apercevoir Lallie, qui la regardait. Elle avait le visage triste et l'air d'une personne qui ne comprend pas. Elle la regarda et fût rejointe par George, qui les regarda à son tour. Puis il prit Lallie par le bras et elle ne se fit pas longtemps prier pour se laisser guider. Ils partirent tous deux dans la direction opposée.

*Lallie... moi qui croyait être ton amie... mais c'est normal que tu ne comprennes pas... Qui le pourrait ? Même pas moi ?*

Elle avait cours, elle le savait, mais elle s'en fichait pour l'instant. Quand la foule se fût dispersée et que le silence fût revenue, elle décida qu'il était temps de reprendre la conversation.

Qui suis-je ? Tu veux dire.... là-bas ?

Elle ferma les yeux et soupira. Elle rouvrit les yeux en reprenant la parole :

Je ne sais pas. Ecoute c'est.. c'est très étrange pour moi. Je fais des rêves étranges depuis quelques temps. Je vois des gens que je suis sûre de ne pas connaître ici. J'entends des bruits, comme les bruits d'une bataille, avec des gens qui crient et des.... comme des battements d'ailes aussi, et des bruits de sabot. Et il y a aussi aussi cette fille qui semble m'appeler. Elle dit qu'elle est désolée, qu'elle n'avait pas le choix. Et c'est tout. Aslan, Jadis... ces noms me sont venus comme ça, par intuition. J'ai l'impression qu'ils ont une signification toute particulière, et pourtant, je ne saurais pas expliquer. J'ignore tout de Narnia, de comment c'est, de qui y vit... et, si j'y suis allée, de ce que j'y ai fait. C'est comme si j'avais tout oublié.

C'était la première fois que Dédé parlait de ses rêves. Et si on lui avait dit qu'elle raconterait tout ça à EDMUND PEVENSIE ! Ils venaient de parler plus en une matinée que tout ce qu'ils avaient pu parler depuis le temps qu'ils se connaissaient. Mais elle se sentait légère d'avoir pu se confier. Depuis sa "nuit de folie" elle....

*... oh! mais oui! depuis cette nuit là je fais des rêves... et si... et si j'étais revenue de Narnia cette nuit là ????*

Je... je crois que... je viens de comprendre quelque chose... S'il y a une chance que j'ai déjà été à Narnia... Je crois que j'en suis revenue cette nuit là... Tu sais, quand.... enfin, d'où est partie ma... réputation...

Edmund eu un léger sourire après cette dernière révélation de la part de Dédé.

Les gens ne veulent pas y croire ...C'est pour ça que nous avons décidés de nous taire ...Seulement, en le niant aux autres ont fini par oublier un peu ...et de plus en plus ...jusqu'à ce que quelqu'un d'autre en parle et se fasse passer pour fou à son tour.


Dans sa voix, il y avait de la haine et de la douleur, ce qui voulait dire qu'en fait il parlait de lui et donc, il comprenait ce que tu ressentais à chaque fois qu'on te traitait de cinglé. Il haussa les épaules pour faire mine que ça ne le dérangeait pas vraiment, mais ça le rongeait vraiment de l'intérieur.

Si tu avais le choix d'y retourner ...irais-tu?

Il jeta un coup d'oeil autour de lui et se pencha un peu vers toi en disant tout bas.

Moi j'y resterais pour la vie! J'en ai marre des gens d'ici et de leurs histoires insipides ...

Il sourit un peu, comme un petit garçon à la recherche du bonheur et se redressa.

De plus ...J'étais quelqu'un là-bas au moins ...J'étais le roi!

Sur un ton fier, il bomba légèrement le torse en levant un peu son menton, digne d'une peinture royale mais assez comique.

Dédé se retint de ne pas éclater de rire. Edmund faisait très bien le roi, ça oui...

Un roi ? Ooooh et bien...

Elle plia très légèrement les genoux pour faire une petite révérence.

Votre majesté...

Elle souriait. Cela lui paraissait tellement facile de parler de ça à Edmund, tellement... naturel. Elle soupira.

Si j'avais le choix d'y retourner... Comme je le disais, je n'ai aucun souvenir de là-bas. Je ne crois pas que ce soit comme toi, parce que j'aurai nié la vérité c'est juste que... Une nuit, je me suis réveillée avec l'impression d'avoir fait un très long rêve. Ce genre de rêve qu'on sait qu'il était intense et important mais que ses souvenirs nous échappent, à l'instant même où l'on rouvre les yeux.. Tu vois ce que je veux dire ? Mais en même temps, ici, depuis que je suis... depuis que je serais revenue... c'est plus pareil. Comme tu disais, les gens et leurs histoires... Tout ça ne me plaît pas. Je me sens comme vide. Et je voudrai du changement. Alors, oui, je pense que si j'avais l'occasion, j'aimerai bien retourner à Narnia. ça ne peut pas être pire qu'ici. Enfin... je crois...

L'image de la fille blonde de son rêve s'imposa à elle. "Je suis désolée... Tu serais morte sinon Dédé..." Voilà ce qu'elle avait dit. Dédé s'était déjà posée la question, mais sans y trouver de réponse : de quoi cette fille pouvait bien être désolée ? Et cette histoire de mourir ? Dédé était-elle en danger à Narnia ? Etait-ce pour cela qu'elle était revenue ? Pour ne pas mourir là-bas ?

Et ton frères et tes soeurs ? Eux aussi ils sont rois et reines ? Pourquoi êtes-vous revenus si vous vous plaisiez tant là-bas ? Comment avez vous fait ?

Edmund n'eut pas le temps de répondre : dans le couloir apparut Mrs Stinson. Mrs Stinson était la surveillante en chef de l'établissement et elle ne supportait pas les élèves qui traînaient des les couloirs pendant les cours. Tous les élèves la détestaient et la craignaient, car chacun savait qu'elle n'était pas tendre en matières de punitions.

Hep !! Vous deux là !! cria-t-elle en se rapprochant d'eux.

Dédé ramassa son sac, qui était par terre en murmurant un petit "merdouille". Elle eut soudain très envie de courir, de s'échapper et de ne jamais revenir dans cet endroit. En réalité, elle ne savait pas si elle en était capable. D'ordinaire, elle ne cédait jamais à ses impulsions. Mais aujourd'hui, tout avait changé. Elle avait la conviction que tout était possible.
Alors que Mrs Stinson s'approchait dangereusement, la mine satisfaite de quelqu'un qui va distribuer des punitions, Dédé regarda Edmund. Avait-il eu la même idée ? Elle savait qu'elle n'irait pas bien loin si elle se mettait à courir seule. Mais avec lui....

Biensur, Edmund avait eu la même idée que toi. Ses yeux devenus espiègles à ce moment se tournèrent vers toi. Sa bouche forma un sourire malicieux en coin. D'un seul geste, il prit ton sac et le jeta sur son épaule, et prit ta main en la serrant assez fort pour ne pas te perdre en route mais pas assez pour te faire mal et se mit à courir avec toi vers l'extérieur.

Mrs Stinson s'écriait Arrêtez-vous, arrêtez petites pestes!!! en courant comme elle pouvait après eux, sans jamais parvenir à les atteindre. Elle s'arrêta un milieu de chemin, la langue au sol presque, les mains sur ses genoux en reprenant son souffle. Ces gamins ...

Edmund poussa la dernière porte, te laissa passé et couru vers la berge avec toi. Il s'arrêta quand il cru bon que vous étiez assez loin et s'adossa contre un arbre pour reprendre son souffle.

Ses cheveux étaient en bataille et sa chemise froissé, un peu sortie de son pantalon, tout ce look lui rendait bien sa réputation du bad boy.

Les yeux fermés, reprenant son souffle, et parti à rire de la situation. Il rouvrit les yeux et vérifia si tu étais correct et déposa ton sac et le sien à ses cotés.

Ça va?

Il toussota légèrement et reprit la conversation du début.

Narnia n'est pas pire qu'ici ...C'est beaucoup mieux qu'ici. Mes soeurs et mon frères sont rois et reines, tout comme moi ...et nous avons dû partir après notre dernière mission.

Il se mordit la lèvre et se passa une main dans les cheveux assez rapidement pour, selon lui, les replacer comme ils étaient mais il fit qu'empirer la chose ...ou la bonifier, c'est selon.

Peter et Susan, les voix de la raisons, disaient que nous devions retourner chez nous car après tout, Narnia n'était pas notre vie.

Il fronça les sourcils. Sa gestuelle parlait d'elle même. Il n'était et n'avait jamais été d'accord avec leur raisonnement, mais, pour ne pas avoir de reproche, il décida de les suivre aussi. Ce qu'il regrettait amèrement jour après jour.

Il glissa contre l'arbre et s'assit, une jambe en long et une autre plié. Il prit son sac, fouilla à l'intérieur et y prit un sandwich coupé en deux. Vous n'aviez pas eu le temps de manger avec toute cette histoire. Il te regarda et te tendit une moitié de sandwich en disant «Tu dois avoir faim ...prend !»

Sans être allé à Narnia, Edmund n'aurait jamais dit ça ...

Pour la première fois depuis longtemps, Dédé se sentait pleine de vie. Enfin quelque chose était arrivé dans sa morne vie ! Arrivés devant la berge, elle était à bout de souffle mais cela ne l'empêcha pas d'éclater de rire. Elle se sentait libre, LIBRE !

*Freedooooooom, Freedooooooooom.....*

Elle regarda Edmund et rit de nouveau. Il avait les cheveux en bataille, la chemise mal mise... il était charmant. Et elle, était-elle aussi mal arrangée que lui ? Elle vérifia ses cheveux, qui n'avaient pas l'air pire que d'habitude, et ses vêtements n'avaient pas non plus dérangés. Non, il n'y avait qu'Edmund, que leur course effrénée avait déshabillé.
Dédé eut soudain l'image de Mrs Stinson courant derrière eux en criant "rrêtez-vous, arrêtez petites pestes!!!'" Et elle éclata de nouveau de rire. Jamais, oh non jamais elle n'oublierait cette image !
Elle se demanda un instant quand elle préviendrait l'orphelinat de sa fuite... Encore une histoire qui ferait du bruit... Mais qu'importe la punition qu'elle recevra ce soir en rentrant, le jeu en valait la chandelle. Pour la première fois depuis longtemps, elle se fichait des conséquences, du moment qu'elle pouvait vivre.
Elle hocha la tête quand Edmund lui demanda comment elle allait et elle l'écouta parler de Narnia. Elle se rendit compte qu'elle aimait bien cela : l'écouter parler de Narnia, ce monde "imaginaire" dont elle se sentait si proche. Elle se sentait si bien avec lui, là maintenant.
Elle sourit également quand il passa les mains dans ses cheveux :

*c'est trop chouuuuu.... ohlala, comment avais-je fait pour ne jamais remarquer Edmund Pevensie auparavant ?? Bien sûr, je savais qu'il existait, mais je ne m'étais pas aperçue à quel point il était.. gentil, aimable, charmant... et bagarreur, téméraire, impulsif... et peut-être un peu fou aussi.... Fou comme moi..."

Dédé s'assit à côté de lui, contre le tronc d'arbre (c'était une très gros arbre, il y avait largement la place de s’asseoir à deux contre son tronc tout en restant côte à côte). Elle prit le sandwich avec plaisir, se rendant compte que, oui, effectivement, elle avait plutôt faim.

Merci... Tu sais, peut-être qu'en fait, Peter et Susan avaient raison... Je veux dire... C'est ici que tu es né, c'est ton monde... et peut-être que Narnia n'est que... comment dire... une sorte de monde pour des... jolies vacances ? Comme quelque chose de très plaisant mais qui a une fin... Enfin, je ne sais pas... Si ça te manque autant, c'est peut-être aussi parce que c'est plus que ça...

Elle croque dans le sandwich. Poulet crudités. Hum... Elle n'aimait pas vraiment les tomates et les oeufs, mais elle n'était pas du genre à faire la difficile. Elle mangea quelques bouchées avec bon appétit et repris :

Je pense.. Peut-être que ça marche comme l'amour. On dit toujours qu'il y a une personne, une seule parmi des milliers, qui est tout juste faite pour toi. Alors, peut-être que ça marche pareil pour les mondes... Parmi tous ceux qui existent, il n'y en aurait qu'un qui serait fait pour toi... Pour y vivre....

Elle soupira. Si ça théorie était exacte, alors elle n'avait aucune idée de où pouvait bien être sa place. Etait-ce ce monde-ci, où tout le monde la prenait pour une folle et où elle sentait comme une coquille vide ? Ou bien Narnia, ce monde dont elle venait tout juste d'apprendre l'existence, mais qui la faisait fantasmer sans le savoir depuis des mois ? Dur dur...

Il haussa les épaules après avoir écouter ta théorie. Il ne savait pas si elle avait du sens. Seulement, pour lui, Narnia était devenu son vrai «monde» au fil du temps. Il s'y sentait beaucoup mieux qu'ici, parmi ces gens et avec ces innombrables contraintes qu'un Roi n'a pas.

Peut-être as tu raison ...mais si tu avais le choix entre vivre ici avec ces gens qui se moquent de toi à longueur de journée, sans vouloir entendre ton point de vue, sans se soucier que tu en sois malheureuse ou non ...ou un monde dans lequel tu as le droit d'être toi-même et où tu peux imposer ton caractère, tes devises et ne pas t'en laisser passer ...Lequel choisirais-tu ?

Il croqua dans son sandwich à cet instant, regardant au loin et retourna son regard vers toi. Il sourit légèrement, se rappelant les mélodieuses notes de ton rire, quelques minutes plus tôt et comment tu avais, l'espace de quelques minutes, semblé si bien dans ta peau.

Il sorti deux cartons de jus de son sac et t'en donna un. Il avait prit l'habitude d'en mettre toujours deux dans son sac. Un pour le lunch, et l'autre pour une collation, plus tard dans la journée. Il avait un estomac presque sans fond ! Ce pour quoi sa boîte à lunch sembla encore bien rempli.

Pour ma part, je choisirais Narnia sans y penser plus qu'il ne faut ...

Il déchira le papier de sa paille et la planta dans le trou. Bue quelques gorgés.

Il y a très peu de gens ici pour qui je défendrais la cause. Ils n'en valent pas la peine, selon moi ...que quelques uns ...

Il jeta un coup d'oeil en coin vers toi en buvant tranquillement pour voir si tu avais remarqué son allusion si peu subtile et reprit.

Là-bas, j'avais un peuple à défendre. Des lois à faire respecter ...et je me sentais apprécié.

Il se gratta le mollet, obligeant un temps mort à la conversation.

Si ta théorie sur l'amour est vrai ...Alors j'ai trouvé la bonne depuis mes 10 ans. Narnia est fait pour moi, et j'ai l'impression de la trompé en restant ici ...

Il eu un léger sourire pour sa dernière phrase. Il n'avait pas voulu qu'elle sorte comme ça mais ...l'image l'amusait un peu.

Dédé avait pris la brique de jus de fruit que lui tendait Edmund. Décidément, ce garçon était bien pratique, il avait de quoi manger pour deux ! aaaah, le mystère des garçons et de toute la nourriture qu'ils peuvent ingurgiter....

*très peu de gens pour qui je défendrai la cause.....*

Dédé songea aux paroles d'Edmund, sans toutefois remarquer son petit coup d'oeil, ni la pointe de subtilité. Elle ne s'était jamais posé la question de ce qu'elle ferait si jamais elle avait un jour une cause à défendre. Instinctivement, elle pensa à son amie Lallie. Et puis, l'image de son départ avec George lui revint en mémoire. Elle avait l'impression d'être trahie, abandonnée... mais si elle devait être amenée à défendre Lallie, le ferait-elle malgré cela ?

Puis Edmund évoque le peuple à défendre. Elle se surprit à l'imaginer en tenue de chevalier, avec une grande épée et beau cheval... Elle sourit.
Et puis, Edmund se tut. Le silence régna pendant quelques instants, puis elle reprit la parole :

Ce que je ne comprends pas c'est... Comment fait-on pour aller à Narnia ? Je veux dire.. tout cela paraît tellement... impossible...

Elle se tut et espéra qu'Edmund ne penserait pas qu'elle ne le croyait pas. Au contraire, s'il y avait bien une personne sur cette terre bien encline à croire ce genre d'histoire, c'était bien elle. Elle essaya de s'expliquer :

J'aimerai pouvoir trouver où se trouve ma place. Ici, ou ailleurs... après tout peu importe...

Elle se rendit qu'elle était en train de s'embrouiller elle-même. Ses paroles suivaient trop vite le cours de sa pensée, elle n'avait pas le temps de réfléchir à ce qu'elle disait.

Enfin.... là tu vois... par exemple, dans ce monde, il y a quand même des choses agréables. Des petites choses qui rendent la vie un peu plus belle... S'échapper de l'école et manger des sandwichs contre un arbre par exemple...

Elle regarda Edmund et lui sourit. Elle voulait éviter une phase "déprime" et "pessimisme autour de la société" dans leur conversation. Ce n'était pas l'endroit. Car après tout, ils étaient libres ! Et elle ne savait pas de quoi sera fait demain : elle écoperait sûrement d'une sévère punition ce soir en rentrant, et elle serait sans doute interdite de sortie jusqu'à son mariage. Autant en profiter tant qu'il était encore temps.

Ayant fini son sandwich, elle se leva et tendit la main à Edmund, pour l'aider à se relever à sont tour.

Et si on se baladait ? On a toute la journée devant nous... à moins que.... peut-être avais-tu quelque chose de prévu ?

Le doute l'envahit soudain : peut-être Edmund n'avait-il pas envie de se retrouver en sa compagnie... La sympathie qu'elle éprouvait pour lui n'était peut-être pas réciproque...

Elle en était là de ses pensées lorsqu'une voix masculine se fit entendre derrière elle.

Ben alors les jeunes, on fait l'école buissonnière ??

Elle se retourna vivement. La personne qui avait parlé était un jeune homme d'une vingtaine d'année avec une dégaine de voyou. Derrière lui, deux de ses amis ricanèrent. Leur attitude était menaçante. L'atmosphère devint soudain tendue.

[HJ : j'espère que ça ne te dérange pas, j'essaie de mettre un peu d'action pour ne pas que la conversation tourne en rond ^.^]