Une tasse de sang chaud — PV Annabelle

Annabelle & Thalie R. Di Scipio

.

La nuit venait de tomber sur la ville de Béruna. Dans sa noirceur, la soirée était accompagnée d’une brume qui recouvrait les rues désertes de nuages cotonneux, rendant l'agglomération encore plus mystérieuse. Le brouillard rendait à cette ville une ambiance étrange, inquiétante même. Inquiétante, c’était le mot, oui. Il y avait rien de plus normal qu’une brume, mais celle-ci était si dense qu’on ne pouvait même voir à trente centimètres devant soi. L'air était chargé et cette nuit macabre d'hiver faisait frissonner une femme qui attendait que quelque chose la délivre de cette ambiance de peur. Mais malheureusement pour elle, si frêle et si misérable, elle n'aurait plus jamais le droit de connaitre le bonheur et la sérénité. Ce soir, je déambulais dans les rues, près de cette femme dont l'odeur parfumée me rendit terriblement fiévreuse et assoiffée, dans le but de mettre en oeuvre un plan que j'avais patiemment élaboré. Bien que mon arrivée dans cet endroit étrange remontait à quelques jours seulement, je n'avais tué qu'un petit marchand nomade et j'étais terriblement assoifée, ma gorge était sèche et douloureuse. Puis, j'avais marché lentement et avais fini par aboutir dans cette petite ville. À présent, le brouillard qui m'enveloppait était le bienvenu et mieux encore, il me permettrait de garder toutes mes forces, n'étant pas obligée de gaspiller mes efforts pour terrifier ma proie.

Je jouais avec la jeune femme comme si elle était une simple marionnette de bois. Elle était facilement maniable, pliable pour combler mes désirs, inconsciemment. Les humains avaient beau être stupides pour la plupart, ils avaient tout de même un instinct de survie qui leur indiquait quand il valait mieux de fuir. Cependant, ils avaient le défaut d’être lent et c’était ce qui causait leur perte, le plus souvent. Je commençais à virevolter autour de ma proie, qui commençait d’ailleurs à regarder frénétiquement autour d’elle, tentant d’identifier quelle ombre pouvait bien la suivre. Elle respirait de plus en plus bruyamment et ses mains se tortillaient une contre les autres dans une manie agaçante. Lassée de ce jeu et de son comportement énervant, je cessais cette ronde et m’approchais de ma proie avec souplesse. Ce ne fut que lorsque je fus à environ trente centimètres d’elle que la femme vit apparaître deux yeux bleus métalliques de la brume, iris d’une froideur terrifiante.

La jeune femme sursauta et je laissais échapper un petit rire. Elle frémit.

Qui êtes-vous ?

Je ris encore et ma proie se stoppa. Un sourire sadique se forma sur mes lèvres sans que je ne pus le retenir. J’avançais encore, sachant pertinemment qu’elle ne survivrait pas ce soir.

Pauvre petite brebis égarée.

Murmurais-je près de son oreille. Elle eut alors un mouvement de recul, mais je me jetais sur elle avec grâce, lui brisant la nuque dans un mouvement cruel. Je la pris par le col et l’approcha près de mon visage pour contempler ma proie.

Puis, un bruit retentit derrière moi. Je n'avais pas entendu l'autre humaine -son odeur me l'indiqua aisément- arriver et pourtant, j'aurais dû faire plus attention. Cependant, l'odeur de ma proie avait masqué celle de l'autre humaine qui avait approché jusqu'à moi sans que je ne la vois. Je grinçais des dents.

Ça t'amuse peut-être de me déranger ?

Crachais-je dans un agacement palpable.

[D'la marde pour les images]

Annabelle détestait marcher en pleine nuit dans une ville avec du brouillard. C'était le stéréotype même du sinistre. Elle n'avait pas vraiment le choix: Elle avait oublié son petit sac de voyage avec ses vêtements de rechange chez une amie, et elle ne pouvait pas dormir à l'auberge sans au moins un peu d'argent.

De toute manière, même si l'ambiance était sinistre, Annabelle ne craignait rien. Pour battre une Inquisitrice, il fallait au moins une quatuor bien armé. Surtout pour battre une Inquisitrice de son niveau. Étant la deuxième plus puissante dans son monde, elle portait la robe blanche de la mère Inquisitrice, car elle aurait dut prendre sa place à sa mort. Ses cheveux étaient extrêmement longs, car les Inquisitrice ne pouvaient pas les couper sans une énorme douleur. Dans son monde, la longueur des cheveux d'une femme montrait son statut social, et étant plus importantes que les reines, les Inquisitrice ne coupaient jamais leur cheveux.

Bref, personne n'oserait l'attaquer sans être au moins en groupe de 4 ou 5. Ils n'oserais pas l'attaquer dans la ville, de peur d'alerter la population Si elle rencontrait un ennemi, elle pourrait simplement le confesser avec son pouvoir, alors elle n,avait rien à craindre. Un groupe de deux serait tout aussi simple à battre, car elle en toucherait un avec son pouvoir, et ce dernier tuerait l'autre pour protéger Annabelle. Se calmant avec cette pensée, Annabelle avança avec moins d'hésitation.

Malheureusement, il fallait bien qu'elle sente une présence hostile. La jeune femme ne se laissa pas guider par sa crainte et continua à marcher, s'approchant malheureusement de la présence. Elle vit une ombre dans le brouillard. Puis, elle fut pétrifiée de dégout et de crainte.

L'air sentait le sang et la chair. Et ça venait de l'ombre. Cette silhouette tenait une autre ombre, qu'elle semblait embrasser. Annabelle se questionna sur l'origine de l'odeur de mort, mais elle comprit. L'ombre n'embrassait pas l'autre ombre, elle la mordait. Elle s'en nourrissait. Annabelle était tellement dégoutée qu'elle en eut la nausée. Elle réussit à peine à se retenir de vomir.

Tout en approchant sans bruit, Annabelle vit qu'elle avait bel et bien compris. Elle fut indignée en furieuse de l'acte de ce vampire. Quels monstres! Il ne pourrait rien lui faire à elle. Si la bête essayait de la mordre, il faudrait bien qu'il entre en contact avec la peau d'Annabelle? Alors, elle aurait juste à arrêter de retenir son pouvoir et à confesser le vampire. La jeune femme fut heureuse de sentir qu'elle n'avait rien à craindre, surtout quand la silhouette lui parla.

Évidemment, j'ai un plaisir fou à te voir t'empiffrer avec le sang d'une victime innocente.

Dit l'Inquisitrice, maintenant assez proche pour voir parfaitement le vampire, qui était en fait une femme vampire. Elle ne s'inquiétait pas de ses paroles.

Annabelle & Thalie R. Di Scipio

.

J'avais marché. Sans but précis, mais j'avais marché. Pendant des jours entiers. À présent, il faisait nuit noire. Mieux encore, il y avait du brouillard, température parfaite pour m'amuser. Et, maintenant, je savais où j'allais aller me distraire. Dans les rues très mal éclairées de Béruna. Il y avait souvent de nombreux humains. Avec de mauvaises intentions, mais ça restait des humains. Sans défenses face à moi. Je rigolais. C'était sûr, même certains que j'allais bien rigoler cette nuit. À la bonne heure. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas divertie. Que je n'avais pas fait joue-joue avec mes camarades de jeu favoris: mes proies. Je jouais avec eux, enfin, il n'y a que moi que cela amusait, eux étaient terrorisés et après je mangeais. Mais pour le moment, il n'y avait aucun signe de vie. Juste une odeur que je connaissais ; celle du sang. J'avais bien trouvé de quoi me contenter, jusqu'à temps qu'elle arrive. Cette humaine qui puait. Elle n'avait pas cette odeur sucrée caractéristique des humains. Non, elle sentait autre chose, quelque chose de magique et cela me surprit et m'énerva au plus au point. Je détestais les choses qui étaient différentes de moi ou que je ne pouvais tout simplement pas comprendre.

À présent, l'odeur du sang était si forte qu'elle me donnait le vertige. C'était un parfum métallique et très familier et je luttais de toutes mes forces contre l'envie d'en boire à nouveau. C'était très difficile et je regardais, avide, le corps délaissé à cause de l'arrivée de l'autre humaine. Je voulais en boire d'autre, je voulais sauter sur le cadavre et m'en abreuver, mais je ne bougeais pas, je ne cillais même pas. Toute mon attention était focalisée sur l'humaine.

— Évidemment, j'ai un plaisir fou à te voir t'empiffrer avec le sang d'une victime innocente

Je laissais alors échapper un petit rire, ce qui sembla dégoûter mon interlocutrice. Son coeur battait de plus en plus vite, je pouvais le sentir. Un long sourire se forma sur mes lèvres, alors que je sus qu'elle était la victime parfaite pour ce que je voulais en faire. Puis, soudainement, je me détournais d'elle pour me concentrer sur le corps mort de la femme à mes pieds. Je me penchais sur son corps pour la mordre à nouveau, mais son sang froid comme la mort me répugna. Je la laissais pourrir sur le sol. Puis je me rapprochais et regardait à nouveau mon interlocutrice.

Lentement, je m’approchais de l’humaine, mais je ne comptais pas attaquer. Après quelques secondes, j’étais si près d’elle –mon visage à environ une vingtaine de centimètres du sien- que je pouvais sentir son haleine à l’odeur si particulière. Mes deux iris d’un bleu cruel et métallique étaient à la hauteur des siens et je la fixais droit au cœur avec une froideur terrifiante, je lisais dans son âme comme dans un livre ouvert. Un sourire sadique se forma sur mon visage sans que je ne pus le retenir. J'avançais encore vers la demoiselle, sachant qu’elle n’allait pas passer une soirée agréable.

— Si cela te dérange à ce point de me voir déguster un cadavre à moi toute seule, aimerais-tu le partager avec moi ?

Je décidais de lui laisser une petite chance ce soir. Lui lançant le corps de l’humaine morte que je tenais dans ma main au visage, je fis quelques pas en arrière et lançai un rire clair et moqueur.

Annabelle essaya de confronter ce monstre sans regarder le pauvre cadavre. Elle aurait été dégoûtée si ce massacre avait été l'oeuvre d'une bête sauvage, mais c'était encore pire lorsque c'était un humanoïde. Cette créature, si Annabelle se rappelait de ce qu'on lui avait raconté sur les vampires, avait été humaine, avant de se faire mordre, de mourir et de devenir une femme sanguinaire. Et malgré ça, elle trouvait un profond plaisir à massacrer ses victimes et à leur faire peur. Si ça devait arriver à Annabelle, elle était sur d'être incapable de tuer des humains. Elle essaierait de prendre des animaux, et si c'était impossible, de prendre des hommes condamnés à mort, au moins. Du moins, elle n'aurait pas eu du plaisir à tuer, non?

Son doute lui fit des frissons dans le dos, à moins que ce soit le sourire sadique de la femme. Elle était belle, mais ses expressions horribles la rendait tout sauf jolie. Annabelle vérifia que son draca était bien dans sa manche, près à être pris. Puis, la vampire parla.

— Si cela te dérange à ce point de me voir déguster un cadavre à moi toute seule, aimerais-tu le partager avec moi ?

Ann' eut un haut le coeur juste à y penser. Elle n'eut tout de même pas le temps de penser à cette horreur, car un cadavre à moitié exsangue, mais pas assez pour avoir arrêter de saigner, alla vers elle. Le recevant dans les bras, elle le rejeta sur le sol, dégoûtée. Suivant le mouvement de ses mains qui rejetait le cadavre, elle frappa trois fois le vide de ses poings. À chaque coup, un éclair jaune et lumineux alla vers le corps, déjà en mauvais était après ces deux lancés. Le premier éclair fit une petite explosion de sang et de chair des jambes, qui était déjà à moitié calcinée par la chaleur. Le deuxième frappa le tronc, d'où des morceaux de tripes et d'organes n'eurent pas le temps de toucher le sol avant de devenir des cendres, et le dernier frappa la tête, qui n'explosa même pas. Il ne resta qu'un tas de cendre, d'os noirs et de petits bouts de chairs encore en combustion.

Reprenant son souffle après ce geste impulsif, elle se regarda. Du sang, séché ou non, tachait sa robe blanche. De quelque mouvement de main, comparables à des caresses qu'elle feraient à une couche d'air entre sa main et sa robe, toute la saleté dégoulina vers le sol, sans laisser de traces. En touchant le sol, les résidus de cette femme firent de minuscules explosions, suivies de filet de fumée rougeâtre, comme s'il s'agissait de gouttes d'huile tombant sur une poile brûlante.

Toute cette démonstration de la magie d'une puissante magicienne s'étant souvent battus dans des guerres et ayant donc le don de bien des ennemis dans le corps ayant pris à peine quelques secondes, elle releva la tête, qui était penchée vers sa robe blanche, faisant onduler sa longue crinière blonde, et elle tendit la main, bien ouverte, vers son adversaire, qu'elle projeta dans les airs et colla contre le mur de brique d'une maison. Incapable de faire voler une personne, comme la plupart des magiciens, sauf ayant le don de la télékinésie, elle utilisait plutôt l'air autour d'elle. Elle l'épaissit tellement qu'il empêcha la femme de bouger, la levant. En même temps, Annabelle s'assura que l'air épaissit l'empêche de faire le moindre geste.

Ce vampire ne devrait plus faire de mal à personne. La main encore tendue, elle avança son autre bras de la créature pétrifiée. Puis, elle laissa aller son pouvoir dans ses veines. Dès qu'elle aurait touché cette criminelle, elle le libérerait et l'extérioriserait pour la transformer en une marionnette, parfaitement docile. Elle ne pourrait plus jamais faire de mal à qui que ce soit, car Annabelle lui interdirait de tuer des innocents.

Comme chaque fois où elle s'apprêtait à utiliser son pouvoir d'Inquisitrice, le temps ralentit pour elle. Une fois le pouvoir dans ses veines, on aurait dit que son corps allait deux fois plus vites que les autres, que ses pensées allaient plus vites, rendant le monde qui l'entourait très lent. Elle avait envie d'en finir avec cette tueuse d'innocent, et une femme cruelle qui lui lançait leur cadavre. L'air autour de la jeune femme devint pétillant de magie.

Puis, elle s'arrêta, son bras à quelques pouce du cou de sa victime. À travers son pouvoir, elle sentait un problème. Elle le comprit finalement: sa victime déjà morte, ce qu'elle voyait était en fait son corps, son esprit et son han. Son âme n'était pas là, qu'importe où elle était. Dans cette situation, comme savoir comme le touché de l'inquisitrice agirait? Il pouvait ne pas y avoir de réaction, ou tuer la victime du coup! Ou simplement augmenter l'amour, sans créer de docilité. La magie demandant un point de départ et un point d'arrivé, sans l'âme comme point d'arrivé pour le coté Soustractif du pouvoir, qu'arriverait-il? Elle ne voulait pas le savoir.

La main encore tendue, elle détendit son bras, puis saisit son draca, une arme semblable à une étoile de métal, bien sculptée, qui pouvait être lancée. Cette forme avait été inventée par son frère, Phalène, car le draca pouvait aussi être un couteau avec, comme lame, une tige cylindrique pointue. Qu'importe, l'effet était le même: Une simple coupure aspirait la vie de la victime, donnant son han au lanceur.... Si celle-ci était vivante! Le vampire étant mort et animé par la magie, l'arme serait aussi inoffensive qu'une carotte!

La tuer simplement était impossible, alors comment faire? Dans son monde, les vampires n'existaient pas! Aucun Sorcier n'aurait voulu les inventer, à cause de leur manque d'utilité à leur cause. Elle pourrait essayer de détruire le corps, mais qui garantissait que ça marcherait? Peut-être que, comme une Mord Sith, le vampire renverrai la magie contre elle? Ou peut-être que les armes ne pourraient pas la toucher, comme lorsqu'un bouclier d'air épaissi les bloquait... Y avait-il quelque chose qui la tuerait certainement?

La Magie Soustractive! Évidemment! Si un fantôme, créé par la magie soustractive, ne pouvait pas être touché, le corps du vampire existait bel et bien dans le monde des Vivants, et la magie soustractive le détruirait en un éclair! Mais à Narnia, les seuls à la contrôler était Phalène, quelque part dans les Bois de l'Ouest, Black, l'apprenti de Phalène, et leurs ennemis, les adeptes du mal. Il faudrait qu'Annabelle trouve Phalène, mais il lui avait dit de trouver Dédé Spérate pour la protéger!

Perdue dans ses pensée, Annabelle décida de voir comment allait réagir le vampire. Ça lui donnerait plus de facilité, non? Elle détendit son autre bras, laissant retomber le corps du vampire sur le sol.