Not A New Problem? [Pv Shruikan]

Shruikan filait à travers le ciel, l'encolure tendue, le regard étincellant. Il avait traversé une bonne partie de Narnia pour découvrir les marais. Il amorça un virage, savourant l'air frais sous ses ailes, et remonta en flèche. Puis il plongea vers le sol, rasa le sol à pleine vitesse et donna un puissant coup d'aile qui l'envoya planer dans les airs, près d'une chaine de montagnes. Shruikan poussa un soupir. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était senti aussi heureux.

Se laissant porter par le vent, il s'ébroua, et poussa un rugissement de joie. Il vira alors à sa gauche, et observa le sol, tous ses sens en alerte. Cette course folle l'avait assoiffé. Il repéra un ensemble de petits étangs, décrivit un large cercle, s'apprêta à plonger... mais s'arrêta net. Plissant les yeux, il remonta le plus vite possible dans les airs, s'immobilisa et tendit l'encolure. Il aperçut une silhouette, perdue dans la fine brume. Surement un des nombreux animaux aquatiques qui vivaient ici... Un éclair lumineux attira son attention. La silhouette avait dégainé une fine épée rougeoyante.

Shruikan poussa un long grognement. Un humain. C'était un humain. Les humains n'aimaient généralement pas les Dragons. Et celui-ci avait sortit une épée. Cela ne lui plaisait pas. Shruikan prit plus d'altitude, tendit ses ailes au maximum et se jeta dans le vide, droit vers l'humain, qui ne semblait pas l'avoir remarqué. Il avala un grosse bouffée d'air et rugit le plus fort qu'il put. L'humain se retourna, mais Shruikan, ayant anticipé sa réaction, l'avait survolé. Il étendit ses ailes et freina immédiatement tout en virant brusquement sur le côté pour faire face à son adversaire. Il toucha violemment le sol, mais à peine avait-il relevé la tête qu'une puissante vague d'électricité le frappa en plein poitrail.

Se forçant à encaisser rapidement l'attaque, Shruikan se dressa sur ses pattes arrières, étendit ses ailes avec un claquement sinistre et arqua l'encolure, gueule grande ouverte, dominant l'humain de toute sa taille. Il lui rugit violemment au visage, tout crocs sortis, le regard menaçant. Puis il se laissa retomber au sol, et poussa un long, très long grondement. Un panache de fumée s'échappait de ses naseaux. Il se pencha sur l'humain.

"Fais attention, humain. Je perds vite patience..."

Shruikan observa l'humain droit dans les yeux. Il avait l'air nerveux, mais sembla reprendre son sang froid, et utilisa la magie. Il arrêta le temps, se mit hors de portée du Dragon et relâcha son sort. Les paroles qu'il prononça et sa démonstration de magie étaient de la pure provocation pour Shruikan, mais il ne bougea pas. Il se contenta de plonger son regard dans le sien pour sonder son esprit et découvrir ses intentions. Inutile d'attaquer un homme s'il ne représentait pas de danger pour lui.

Shruikan pencha légèrement la tête sur le côté en découvrant que derrière la rage de l'étranger se cachait une envie de protection. Il devait surement croire qu'il était mauvais, qu'il cherchait à tout détruire sur son passage sans réfléchir. Oserait-il le prendre pour un animal sans cervelle ? Shruikan chassa cette pensée d'un petit ébrouement et soupira. Son adversaire et lui avaient les mêmes buts : protéger Narnia coûte que coûte. A quoi bon se battre ?

"Ne juge jamais un Dragon par la couleur de sa peau, petit-homme. Je ne cherche qu'à me défendre. Je ne souhaite pas te combattre, car nous avons tous les deux les mêmes intentions : protéger Narnia. Dans ce sens, nous sommes égaux. Mais si tu veux vraiment un combat, et bien soit. Retiens juste que j'ai tué tous les malheureux qui voulaient répandre le mal, je les ai déchiquetés de mes crocs, je leur ai arraché leurs entrailles, et je les ai brûlés jusqu'à ce qu'ils ne soient qu'un tas de cendres."

Shruikan se mit en position de combat, ses ailes bien repliées contre son corps, crocs et griffes sorties, préparant le-feu-de-ses-entrailles à se déferler sur l'étranger. Et il attendit.

Shruikan était toujours en position d'attaque lorsque le jeune homme parla. Et au fur et à mesure de ses paroles, le grand Dragon se redressa doucement, abaissant complètement sa garde. L'étranger semblait honnête. Non, il ne le semblait pas, il l'était. Et ses paroles l'étaient tout autant.

"Je vous présente moi aussi mes excuses, je suis autant fautif que vous, j'aurait du me contenir et ne pas vous attaquer de la sorte. Pour ce qui est de votre rachat, je n'ai rien à vous demander, à moins que..."

Shruikan réfléchit. Il doutait que le jeune homme accepterait sa demande, mais maintenant qu'il avait enfin prit contact avec un humain sans combat, autant essayer.

"Je vis seul depuis tout petit, ma mère est morte en me donnant la vie et mon père m'a abandonné. Cette solitude pèse lourd sur mon coeur. Ce que je cherche à découvrir depuis que j'ai su voler, c'est un cavalier qui pourrait m'accompagner dans mes voyages. Donc, petit-homme... Accepteriez-vous de devenir mon cavalier ?"

Et il attendit une nouvelle fois, un peu nerveux.

Shruikan observa le jeune homme de son regard le plus pénétrant. Il avait l'air surpris, mais le grand Dragon n'en fut pas étonné, il attendait surement autre chose qu'une offre, surtout une comme celle-ci. Après tout, Shruikan lui donnait sa confiance et lui une place dans sa vie. Mais finalement, à sa grande joie, il accepta. Il posa quelques conditions, et lui donna son prénom. Shruikan rit du rire singulier des Dragons à sa remarque au surnom "Petit-homme". C'est vrai qu'il n'avait pas fait attention à ce qu'il disait pour le nommer. Il attendit que Phalène ai finit de parler pour répondre.

"J'accepte tes conditions Phalène, je les comprends tout à fait. Moi, tout ce que je demande est le respect envers mon peuple et la confiance. Oh, et excuse-moi pour le surnom "Petit-homme", mais tu es assez... petit à mes yeux. C'est venu tout seul."

Shruikan réfléchit rapidement. Maintenant qu'ils étaient officiellement amis, ils devaient réaliser une tâche essentielle pour compléter leur union. Et cela ne devait pas attendre.

"Alors, s'il n'y a aucun problème, c'est décidé, tu voleras à dos de Dragon. D'ailleurs... essayons cela tout de suite !"

Sur ces mots, il se jeta sur Phalène, le prit le plus délicatement que possible entre ses griffes, l'assit sur son dos et s'envola dans les airs presque à la verticale. Une fois qu'il fut assez haut, il se stabilisa et se laissa porter par le vent.

"N'hésite pas à me donner tes impressions, et accroches-toi !"

Il donna un puissant coups d'ailes, se projetant en avant. Il vira dans plusieurs directions, remonta en flèche, fondit vers le sol et le rasa, courba l'encolure pour vérifier si Phalène était encore sur son dos, puis il monta de nouveau dans les cieux. Et il se remit à planer, guettant les réactions de son cavalier.

"Il te faudra une selle pour les prochains vols. Tu peux te blesser très gravement avec mes écailles. Et puisque tu n'en as pas, il vaut mieux finir ce vol le plus vite possible. Où veux-tu que je t'emmène ?"

Lorsque Phalène lui donna son impression, Shruikan sourit. Pour un premier vol, c'était bien réussi. Il ressentit d'ailleurs un peu de déception lorsqu'il proposa à son cavalier de se poser. Il l'écouta répondre à sa question, mais ne répondit pas et se contenta de rechercher de son regard perçant une cabane. Il plongea légèrement sur le côté pour se rapprocher du sol, rétablit son équilibre et, après quelques minutes de vol tranquille, et aperçut une petite maisonnette, au bord d'un petit étang bordé de roseaux. Il décrivit un large cercle et prévint Phalène.

"Accroches-toi bien, l'atterrissage peu être brusque !"

Shruikan vira sur sa droite, tendit ses ailes contre le vent, posa ses pattes arrières et retomba sur celles de devant en balançant l'encolure. Avec un grondement, il s'ébroua, plia ses ailes et proposa sa patte pour permettre à Phalène de descendre sans encombres. Lorsque son ami fut à terre, il jeta un regard à celui-ci.

"Appelles-moi lorsque tu auras besoin de moi."

Puis il partit renifler curieusement les alentours, se frayant un chemin entre les grands roseaux. Les deux courses qu'il avait enchainé lui avait donné encore plus soif, et un début de faim commençait à tenailler son ventre. Il choisissait soigneusement chaque endroit pour poser ses pattes, afin de ne pas s'enfoncer dans la boue. Avec son poids, il ne pourrait pas en sortir seul, même à l'aide de ses ailes. Il se dirigea vers le petit étang, à l'arrière de la cabane, et but quatre longues gorgées d'eau. Il repéra alors quelques poissons curieux venant chatouiller son bout du nez. Il les fixa un petit moment, sans bouger, et lorsqu'ils furent assez près, il ouvrit sa gueule et les piègea à l'intérieur.

Shruikan pouvait en compter cinq de moyenne taille, ainsi qu'un plus gros que les autres. Cela lui conviendrait. Il se détourna des rives de l'étang, retourna à l'avant de la cabane et déversa son buttin sur une planche abandonnée. Il appela le feu de ses entrailles et souffla une petite flamme par les naseaux, juste assez pour que les poissons soient cuits sans êtres grillés. Il avala rapidement les cinq petits, savourant les arrêtes croquantes sous ses crocs, et s'apprêtait à dévorer le sixième quand il observa la cabane. Peut-être que Phalène avait faim, lui aussi. Attrapant le poisson par la queue, il se dirigea vers la cabane et passa sa tête par l'entrée.

Lorsque Shruikan passa la tête dans l'habitacle, Phalène portait une selle noire, qu'il avait surement inventé de lui-même, vu sa forme. Mais elle avait l'air à la bonne taille. Comme son ami refusait le poisson, le Dragon le dégusta. Il nota au passage qu'il était bien plus meilleur que les cinq autres, et retira sa tête de l'entrée pour permettre à Phalène de sortir. Il le suivit silencieusement dans la petite clairière, le laissa placer la selle sur son dos et l'écouta plaisanter sur le fait qu'il ne lui avait pas donné son nom. Ce n'est que lorsque son cavalier fut sur son dos qu'il répondit.

"Je me nomme Shruikan."

Il découvrit que la selle était bien faite, elle était confortable, à sa taille et n'irritait pas ses écailles. Il bougea ses pattes avant, mais rien ne l'entravait, et il pouvait également déplacer ses ailes sans problèmes.

"Tu as bien réussi la selle, tu es un bon artisant. Que dirais-tu d'un vol pour mieux la tester ?"

Shruikan prit son élan, fixa son regard vers les cieux et se propulsa en avant en soulevant un nuage de fumée. Il effectua une série de figures pour vérifier que la selle tenait le coup, tout semblait parfait. Il monta un peu plus haut d'un battement d'ailes et plana paresseusement.

"Maintenant que nous avons une selle, autant voler plus longtemps. Racontes-moi ton passé, si tu veux bien."

Shruikan écouta attentivement le passé de Phalène. Il remarqua qu'ils avaient un deuxième point commun : celui d'avoir vécu difficilement. D'ailleurs, le grand Dragon eut du mal à tout comprendre, et ces histoires de sorts, de maléfices et de ressuscitation ne l'inspiraient pas. Il n'aurait pas supporté d'être tué et de vivre à nouveau, n'y de ce souvenir de quelques "bouts" de son passé et d'être dans l'ignorance. Mais c'est le nom de Jadis qui lui fit échapper un grondement. Dés qu'il avait découvert ce qu'elle avait fait à Narnia et aux Narniens, il avait brûlé le livre dans lequel toute l'histoire était écrite dans un accès de rage. Il ne regrettait presque pas son geste. Puis Phalène lui demanda de raconter à son tour son passé. Shruikan hésita, ne voulant pas faire réaparaitre les cicatrices douloureuses qu'il en avait gardé, mais il était obligé de répondre, puisque son cavalier avait bien voulu tout lui raconter.

"Je suis né une nuit dans le Mont Pire. Dés que j'ai respiré une bouffée de l'air de Narnia, j'étais heureux, comme tout bébé Dragon l'est toujours. Mais ma mère est morte en me donnant la vie, trop affaiblie, et mon père m'a abandonné. Même si j'étais tout jeune, je savais ce qu'il venait de se passer, et j'ai du me résoudre à survivre seul, même si, à ce moment précis, j'avais envie d'accompagner ma mère dans la mort. Je me suis nourris de sa chair, je me suis abreuvé de son sang et je m'endormais chaque soir à côté d'elle pour tenter de me réchauffer. Je me suis vite rendu compte que comme ça, je ne survivrai pas. Alors j'ai descendu les montagnes au sol, et dés que j'ai su voler, j'ai rendu une dernière prière à ma mère et je suis parti au Nord. J'ai appris à chasser en me servant de mon corps et j'ai développé mes propres attaques, puis j'ai appris à contrôler le feu de mes entrailles. J'ai déchiffré l'histoire de Narnia dans les livres des vieilles bibliothèques abandonnées, et je me suis dirigé à l'Ouest. Je me suis installé dans un bois, à ce moment là, j'atteignais peut-être une dizaine de mètres. J'ai vécu un mois environ dans cette forêt, et quand j'en suis ressorti, j'étais adulte, mais seul. Alors, je me suis fixé trois buts : protéger Narnia, trouver un ami et me venger de mon père."

Shruikan plia l'encolure pour regarder Phalène droit dans les yeux, guettant ses réactions. Il détourna presque aussitôt le regard pour ne pas lui montrer sa douleur. Un Dragon ne devait pas ce laisser envahir par ses émotions, ou il était perdu. Le grand Dragon noir s'ébroua pour chasser le flot de souvenirs de sa tête.

Lorsque Phalène posa sa main sur ses écailles, Shruikan ne put retenir un frissonnement. Il savait que son ami avait deviné ses émotions, et il se sentait un peu honteux. Puis il sentit un flot d'émotions irradier son corps : l'amitié, la compassion, le support, la force et la chaleur. Phalène venait de lui transmettre qu'il ne l'abandonnerait pas, qu'il serait toujours là pour lui. Cela réchauffa le coeur lourd du Dragon qui sourit légèrement.

"Merci."

Puis, sans un mot de plus, Shruikan se concentra sur le vol, réfléchissant à tout ce qu'il venait de se passer. Maintenant, Phalène et lui partageaient un lien beaucoup plus profond. Il laissa échapper un soupir et savoura le vent frais sous ses ailes tout en continuant de penser. Il savait que son père était encore vivant, il se sentait au plus profond de lui-même. Il rêvait de prendre sa revanche, mais apréhendait leur rencontre : il était surement beaucoup plus grand et plus fort que lui, et le combat sera inégal.

Shruikan chassa ses pensées morbides de sa tête et annonça la fin de leur vol :

"Je commence à être fatigué, les poissons que j'ai mangé ne sont pas un vrai repas, il faut que je me repose."

Il plongea vers la terre ferme, ralentit doucement et se posa dans une grande flaque d'eau. Il tendit de nouveau une patte à Phalène pour lui permettre de descendre et s'éloigna de la flaque. Puis il se laissa tomber au sol et s'endormit aussitôt.

Shruikan se réveilla en pleine forme. Il ouvrit la gueule en baillant silencieusement et s'étira les ailes. Puis il les replia et observa le feu qui brûlait devant lui. Il remarqua alors le poids du corps de Phalène contre son poitrail et sourit. Le jeune homme était plongé dans un livre à l'écriture étrange, et même si Shruikan avait étudié beaucoup de languages anciens, il n'avait jamais vu celui-ci. Puis, tendant l'encolure, il saisit entre ses crocs le morceau de viande qui cuisait sur le feu, le déposa sur ses pattes et le dégusta en savourant son goût. Un orignal délicieux. Il se lècha ses lèvres écailleuses et reposa la tête par en poussant un soupir, les yeux fermés.

"Merci."

Il leva une aile et la garda au-dessus de Phalène pour mieux le protéger du vent froid qui s'était levé. Puis il réfléchit, ne pouvant s'empêcher de repenser au combat imminent entre lui et son ennemi.

"Mon père s'appelle Elhandir, c'est un Dragon rouge sang énorme. Il est très puissant, et connais la magie. Il sait se protéger de presques toutes les attaques. Et je sens au plus profond de moi-même que notre rencontre aura lieu bientôt."

Il tourna la tête vers Phalène, les yeux plissés contre la lumière du feu.

"Je souhaite que tu ne viennes pas avec moi lors de mon combat. Les coups seront plus que brutaux, et tu risquerais de de te faire déchirer en deux ou de te faire brûler par le feu. Je me débrouillerais seul."

Shruikan posa de nouveau sa tête au sol et murmura entre ses crocs :

"Enfin je pense..."

Shruikan grogna interrogativement lorsque Phalène éclata de rire. Sa réaction ne lui plaisait pas vraiment, mais il ne dit rien et écouta son cavalier parler. Ce qu'il disait était vrai, mais cela ne le fit pas changer d'avis. Phalène continua en lui expliquant tous ses pouvoirs et autres choses dont Shruikan n'en comprit que la moitié. Il n'avait jamais entendu parler de ces "fils de la Magie", cela l'intriguait au plus au point. Phalène lui montra alors d'autres sorts, et le Dragon noir dut reconnaitre qu'il était doué.

"Je ne savais pas qu'un humain pouvait avoir autant de pouvoirs. D'ailleurs, je me demande si tu es vraiment humain... Bref. Je crois que je commence à devenir possessif. Maintenant que je t'ai trouvé, je ne veux pas te perdre."

Shruikan sourit, amusé par lui même. Puis il reprit un air sérieux.

"J'ai de la Magie au fond de moi, il faut juste que j'apprenne comment la canalyser."

Il se redressa et observa Phalène.

"Vois-tu, la Magie des Dragons n'est pas la même que celle des humains, ou de toute autre créature d'ailleurs. Il y a un langage spécial pour la déclencher, qui se nomme "Ancien Langage". Tu connais le mot, et tu contrôle la chose. Le seul inconvénient certains sorts peuvent nous fatiguer ou même nous tuer si nous ne faisons pas attention. Regarde."

Shruikan tourna sa tête vers un groupe de roseaux, le fixa de ses grands yeux dorés.

"Brisingr."

Aussitôt, une flamme embrasa les plantes pourtant humides, et bientôt, il ne resta plus qu'un cercle de cendres.

"Le problème, c'est que les petits sorts comme celui-ci ne seront pas suffisants, et que les sorts plus puissants, je ne pourrais pas les réaliser en plein vol, ce sera trop fatiguant. Mais peut-être qu'avec ta Magie, nous y arriverons.

Shruikan reposa sa tête au sol, ferma les yeux et s'endormit de nouveau.

Phalène parut perturbé lorsqu'il répondit à Shruikan qu'il était un humain, mais pas un d'Adam pour autant. La question avait l'air aussi étrange pour lui. Puis il sembla se plonger dans la réflexion, et expliqua son utilisation personnelle de la Magie. Shruikan approuva ses paroles d'un léger hochement de tête.

"La Magie est dangereuse pour tout le monde. Maintenant, si tu veux bien, je vais me reposer un peu plus."

Il s'installa confortablement dans l'herbe humide, posa sa tête au sol et ferma les yeux.
Le lendemain, Shruikan s'éveilla à l'aube. Il observa le soleil montrer ses premiers rayons et regarda son ami. Phalène était encore endormi. Le grand Dragon sourit, et se leva doucement pour ne pas le réveiller. Il se secoua et déplia ses ailes pour s'envoler aussitôt. Après tout ce qu'avait fait Phalène pour lui hier, il lui devait au moins un déjeuner.

Shruikan survola les plaines à la recherche d'une proie. Il repéra une source de chaleur discrète, cachée dans un étang. Surement un crocodile ou un alligator, vu sa longueur. Il replia les ailes et plongea droit vers la surface calme de l'eau, presque à la verticale. Il plongea la tête dans l'eau en redressant son vol et s'envola de nouveau vers le ciel, un gros alligator dans sa gueule. Il repartit rapidement au campement, déposa discrètement l'animal dans l'herbe et se posa à son tour le plus doucement possible.

Shruikan ralluma le feu avec une petite flamme entre ses crocs et cuit l'alligator de la même façon. Il le coupa en deux à l'aide de ses griffes, le débarrassa de ses écailles et le vida pour Phalène. Il déposa le morceau près du jeune homme et dévora le sien. Puis il alla se désaltérer dans un petit étang à proximité et attendit le réveil de son ami en s'entrainant à la Magie.

--


Lorsque Shruikan s'endormit, Phalène s'assit à nouveau contre lui, lisant. Finalement, après une heure de lecture à la lumière des flammes, il s'endormit lui aussi. Il se réveilla peu après, car il s'était endormi contre le dragon. Il se leva, plaça des quenouilles et s'endormit, la tête sur ce confortable matelas, après avoir retiré complètement la selle de Shruikan Il se réveilla peu après le levé du soleil, ce qui le troubla, car il se réveillait toujours peu avant le levé du soleil. Il pouvait ainsi voir le spectacle de la nature qui se réveille lorsque l'astre du jour illumine le monde.

Shruikan n'était pas là, mais lorsque Phalène se leva en s'étirant, à peine courbaturé suite à son premier vol à dos de Dragon, il le vit plus loin, essayant de faire un peu de magie. Il vit aussi un morceau de viande. Après quelques secondes, parce qu'il avait un peu le cerveau au ralenti, après s'être réveillé si tard (C'est à dire 30 minutes après le matin). Du crocodile. Celui qui saurait identifier s'il s'agissait d'un caïman, un alligator, un crocodile ou un gavial dans un morceau de viande cuit, sans voir sa tête, et bien il aurait le respect de Phalène dans le domaine des reptiles cuits en morceau. ce devait être un alligator, vu la taille. Et puis, jamais un caïman ou serval ne viendrait à Narnia, ils vivaient dans les endroits chauds comme Calormen.

*Tiens, je n'avais jamais vu d'alligator, ni de crocodile. Drôle de viande pour un petit déjeuner... Rah, ne fais pas le difficile, même si manger de l'alligator, c'est un peu comme si tu mangeait un cousin de Shruikan. Pouah.*

Il mangea tout de même la viande, et elle goutait très bon. Il avait déjà manger du serval, à Calormen. Mais pour le matin, contrairement à un dragon, il préférait le pain et les fruits. Il alla chercher un morceau de pain dans la selle du Dragon, puis il ramassa des groseilles près de l'eau. C'était mieux comme ça, mais il n'en parlerait pas à Shruikan, qui s'exerçait encore.

Ensuite, Phalène dut faire une légère routine du matin, chose que n'avait pas à faire les animaux. Il alla vers un étang où l'eau était claire, se déshabilla et entra dans l'eau pour se laver. Après quelque minute, il ressortit, se rhabilla de nouveau vêtements. Mais il retira son chandail, plus à l'aise pour s'exercer un peu. Comme d'habitude, il se pratiqua à viser des poignards, de la lance, des flèches, de n'importe quoi sur des cibles choisies au hasard. Il se battit à l'épée, mais contre des roseaux, qu'il décapita d'un coup.

Après un bout de temps, lorsqu'il fut épuisé et en sueur, il revint vers l'étang et s'envoya de l'eau au visage. Puis, il revint là où il avait laissé ses bagages, sachant que les Narniens n'étaient pas voleurs. Shruikan était déjà là.

«Bon matin, Shruikan. Bien dormi? Quelque chose de prévu aujourd'hui?»

Dit-il, se pencha et pigeant un vêtement au hasard. Il n'avait pas prévu rester aux marais plus d'un jour, mais il avait toujours des vêtements de secours. Il prit un chandail du même style que son ancien, large et descendant presque jusqu'à son nombrils, s'il tendait le col. (Ce qu'il ne faisait pas). Il mit l'habit, un peu mouillé suite au contact des cheveux de Phalène, n'ayant pas séchés depuis qu'il s'était trempé le visage.

Shruikan était concentré à élever l'eau d'un petit étang en une centaine de gouttelettes quand Phalène lui demande s'il avait bien dormi et s'il avait quelque chose de prévu aujourd'hui. Il libéra l'étang de son sort et réfléchit un instant.

"Non, rien de particulier. Peut-être un peu de vol."

Il observa l'étang dans lequel Phalène s'était baigné avec interêt. Il gronda légèrement et un filet de fumée s'échappa de ses naseaux. Il marcha tranquillement vers l'eau calme, s'arrêta sur la rive et, d'une vitesse impressionnante, bondit dedans. Il s'immergea complètement, tendit les ailes en jetant des gerbes d'eau à la surface, souffla de l'air par les naseaux et ouvrit les yeux pour observer les alentours. Comme l'étang était assez grand pour qu'il puisse se déplacer, il commença à nager à travers les bancs de poissons et les algues. Puis il remonta à la surface, inspira un grand coup et plongea de nouveau. Il savoura l'eau fraîche, puis, après un bon quart d'heure de rafraichissement, il se décida à remonter pour de bon et bondit hors de l'eau presque en s'envolant, ailes toujours dépliées.

Shruikan se posa et se secoua de tout son corps. Il gronda de satisfaction, ces plongées lui avaient manqué. Il retourna près de l'étang, avala quatre grosses gorgées d'eau et se retourna vers Phalène.

"Petit vol du matin ?"

[On la fait dans ce RP le combat avec Phalène et Shruikan contre son père ?]

--


Phalène regarda l'énorme bête plonger dans l'eau. Chacun de ses mouvements créait des vagues énormes, pour un étang. Phalène sourit en voyant un canard parlant et sa famille jurer contre Shruikan, partant vers un étang plus calme. Alors que le dragon se rafraichissait, Phalène arrangea la selle, vérifiant si tout était là, ajoutant un peu de viande d'orignal et fruits qu'il plaça dans une poche de peau. Puis, quand le reptile revint, il leva la selle.

«Pourquoi pas?»

Répondit-il, en plaçant la selle sur le dos de Shruikan et montant ainsi sur son dos. Il vérifia la stabilité du siège, puis revint à Shruikan.

«Tu sais, Shruikan, j'aimerais te montrer ma maison, dans les Bois de l'Ouest, plus tard. Il faut bien que tu saches où me trouver. As-tu un logis? Sinon, tu pourrais vivre près de chez moi...»

Dit-il, lui donnant quelques tapes amicales sur le dos. Il devait bien rentrer chez lui un jour. Et il voudrait bien avoir Shruikan près de lui. Phalène aurait bien voulu pouvoir déménager pour aller près de l'habitat du Dragon s'il en avait un, mais il était déjà bien établi et il travaillait dans ces bois. En plus, déménager, ce serait aller loin de ses soeurs, de Rikiki et de Kahlan... Non, il ne voulait pas se séparer de Kahlan.

Puis, il réalisa qu'il n'avait pas donné de nouvelle à Jennsen. Bon, elle savait qu'il était vivant. Elle avait du sentir le temps s'arrêter, donc savoir qu'il y avait eu un combat. Et puis, la jeune fille savait que si Phalène devait mourir, sa magie préviendrait Annabelle et Serena, qui serait venu automatiquement...

Ainsi, de son coté, la jeune pilier de la création savait que son frère était en vie. De toute manière, si le dragon avait gagné, il aurait attaquer le reste de Narnia. Elle s'inquiétait tout de même de ne pas le revoir. Et ce n'était pas les Touilles-Marais qui allait lui remonter le moral! Ils lui disaient qu'il avait dut se perdre, qu'il était surement mort et qu'il ne fallait pas s'attendre à le revoir. Une chance qu'elle ne leur avait pas parler de dragon, sinon elle aurait craquer!

Puis, elle se décida à le retrouver! Tant pis pour les ordres de son frère! Elle ne referait pas le trajet de deux jours de marche sans Phalène! Elle marcha pendant quelques minutes pour revenir aux marais où elle avait quitter Phalène. Cependant, il n'y avait rien là-bas. Personne. Jennsen dut se convaincre que Phalène avait dut partir un peu plus loin... De toute manière, il n'y avait pas de cadavre. Soit le dragon avait fuit, soi... soit il n'était pas un ennemi? Qu'importe, Jennsen continua de marcher au hasard.

Puis, en contournant une roche, elle eut la surprise de sa vie. Elle vit Phalène, tapant le dos d'un énorme dragon noir, mouillé. Il était sur une selle, remarqua-t-elle, donc il l'avait dompté! Ou il l'avait pris comme ami. Le coeur de Jennsen fut libéré d'un énorme poids.

«Phalène!»

Cria-t-elle. Phalène se retourna et aperçut sa soeur. Étrange qu'elle apparaisse au moment où il avait pensé à elle. Il glissa sur les flancs de Shruikan et arriva à sa soeur, qui était arrivé en courant et en le prenant dans ses bras.

«Jennsen, je t'ai dit de ne pas t'inquiéter. Tu l'aurais su, s'il m'était arrivé malheur! Et c'est dangereux de voyager seule ici, nous sommes proche d'Ettinsmore. »

Dit-il, essayant d'être sévère, mais riant. Sa soeur le laissa et regarda l'énorme animal. Woah!

«Voici Shruikan, Jennsy. Il est maintenant ma monture, comme je suis son dragonnier. Shruikan, je te présente ma soeur, Jennsen. J'étais venu avec elle, et je lui avais dit de partir lorsque tu es arrivé, de peur que tu sois un mauvais dragon.»

Dit-Phalène. Il éclata de rire en voyant Jennsen, ébahie devant ce dragon géant.


[Euh... Je ne crois pas... Ça serait un peu trop vite fait, je pense. Normalement, si tout ceci était réel, je pense qu'ils commencerait par se préparer...]